Memento rerum : ista pax…

Be.Ne.Lux., C.E.C.A., C.E.E. (et marché commun), grand marché intérieur, Union européenne (première formule) et Union européenne (seconde formule), voilà des reptations du serpent politique en Europe depuis la décennie 1940 qui devraient être connues de chacun tant elles sont aux antipodes de ce que recouvre Europa, la déesse.

Ce qu’on dénomme aujourd’hui « Union européenne » est en vérité le dernier avatar d’une organisation internationale convenue au début de la décennie 1950 par six pays dits « Hautes parties contractantes » – France, République Fédérale Allemande, Italie, Belgique, Hollande, Luxembourg -, et dénommée CECA (Communauté économique du charbon et de l’acier), elle-même extension particulière de l’esprit de la toute récente alors organisation à trois pays, Be.Ne.Lux – pour Belgique, Hollande et Luxembourg -.

Le mot « communauté » est important. On remarquera, en effet, en passant que, comme le souligne Bastiat:
« Il est des temps où l’on ne peut prononcer certains mots sans s’exposer à de fausses interprétations. Il ne manquera pas de gens prêts à s’écrier, dans une intention laudative ou critique, selon le camp: « L’auteur parle de communauté, donc il est communiste. » Je m’y attends, et je m’y résigne. Mais en acceptant d’avance le calice, je n’en dois pas moins m’efforcer de l’éloigner.
Il faudra que le lecteur ait été bien inattentif (et c’est pourquoi la classe de lecteurs la plus redoutable est celle qui ne lit pas), s’il n’a pas vu l’abîme qui sépare la Communauté et le Communisme. Entre ces deux idées, il y a toute l’épaisseur non-seulement de la propriété, mais encore du droit, de la liberté, de la justice, et même de la personnalité humaine. »

De plus, à l’époque et depuis la décennie 1920, la mode était dans le marché politique, et en dépit des critiques de certains économistes (tels que, par exemple, Jacques Rueff ) sur le projet, à la création d’organisation internationale articulée à une institution, à un secrétariat, doté de la personnalité juridique, veillant au respect par les parties de l’accord dont elles étaient convenues et cela en tous domaines. Cette mode avait donné lieu successivement à la BRI (Banque des règlements internationaux en relation avec les réparations liées à la guerre de 1914-18), au BIT (Bureau international du travail), à la SDN (Société des nations) puis à l’ONU (Organisation des nations unies), au FMI (Fonds monétaire international), à la BIRD (Banque international pour la reconstruction et le développement), à l’OECE (Organisation européenne de coopération européenne) qui renaîtra de sa disparition programmée sous l’étiquette OCDE (Organisation de coopération et de developpement européenne), etc. Exception à cette galerie en évolution, le GATT (General agreement on tariffs and trade) qui, créé en 1947, n’avait pas été doté d’une institution pivot, d’une personnalité juridique. Le biais sera corrigé dans la décennie 1990 où il cèdera sa place à l’O.M.C. (Organisation mondiale du commerce) où une bonne vieille bureaucratie sera mise en place !

* Charbon et acier »
Originalité de la CECA qu’on retrouve seulement dans l’ONU, en plus de posséder l’institution-pivot dénommé « Haute autorité », elle possède une Cour de justice sise à Luxembourg, composée de magistrats non professionnels (par exemple, J. Rueff a été, un temps, juge dans cette cour) et chargée de juger les éventuels différents entre les Etats signataires de l’accord. Le traité de la C.E.C.A. a expiré, il y a seulement trois ans, le 23 juillet 2002.

* Produits en général (exceptions faites des produits agricoles et des services) et marché commun en particulier
En 1957, nos six « Hautes parties contractantes » conviennent à Rome d’un deuxième accord qui donne naissance à la CEE (Communauté économique européenne), décalque de la CECA (avec « Commission » et « Cour de justice »), et qui vivra jusqu’au début de la décennie 1990 où un troisième grand traité – signé à Maastricht – y mettra un terme et la remplacera par l’UE (Union européenne), le traité sera signé par alors quinze Hautes parties contractantes.
Originalité de la CEE qu’on trouve latente dans la CECA, le traité fait intervenir explicitement le principe de libre circulation des personnes et des biens, le principe de libre établissement et le principe de libre prestation de service. La CEE – dénommée aussi « marché commun » – est en vérité une organisation de l’offre du marché qui tend à ce que celle-ci soit « concurrentielle » et non pas « ratiboisée » par des politiques nationales. Une exception de taille est néanmoins à signaler en matière agricole où une « politique agricole commune », antinomie de la concurrence, est admise et sévira pour le malheur des agriculteurs et de l’aménagement du territoire.

* Tous les produits (services ou non), offre concurrentielle et marché unique
Au milieu de la décennie 1980, les Hautes parties contractantes, désormais douze, amendent fondamentalement le traité de Rome par ce qu’on dénomme l' »Acte unique ». Elles conviennent qu’à compter du 1er janvier 1993, elles n’empêcheront plus que l’offre soit concurrentielle dans tous les domaines, en particulier dans celui des services, financiers ou autres ; le marché ne sera plus commun, mais « unique », il y aura un « grand marché intérieur » dans la C.E.E..

Le coup d’Etat du marché politique
Mais fin décennie 1980-début décennie 1990, il y a l’éclatement de l’URSS non prévu par les politiques en place mais prévu de longue date par les économistes de l’école de pensée dite « autrichienne » à l’instar de Mises . En effet, la coercition des êtres humains ne peut être perpétuelle à cause des coûts croissants à quoi elle doit faire face et des ressources décroissantes dont elle dispose en raison des destructions croissantes qu’elles occasionnent.
Il y a l’accord politique de la réunification de l’Allemagne. Et le marché politique de l’époque réussit en 1991, bien avant donc le 1er janvier 1993, le coup d’Etat du traité de l’UE (dit « traité de Maastricht ») qui dénature totalement le projet d’offre concurrentielle et de marché unique : il fait bifurquer dans la voie qui doit mener à un Etat européen « selon son cÂœur ».
Et c’est, aujourd’hui, le traité constitutionnel actuel, soumis à référendum en France le 29 mai prochain, qui donne une personnalité juridique à l’UE par son article I.7 (Titre premier) et, par là même, lui donne une seconde définition sans relation avec la précédente : la Convention Giscard a tué la Communauté européenne, vive l’Union européenne ! Historiquement, la dernière personne juridique qui a été créée par une voie semblable et qui a pu faire apprécier les milles feux dont brille une Union ainsi constituée, était l’URSS. Longue vie donc à l’UE !

La paix
Autre originalité du traité de constitution européenne qu’on retiendra pour conclure ce bref memento, il fait apparaître en bonne place (Titre premier, art. I.3.) un mot qui n’était jamais apparu dans les textes européens antérieurs tant il était une évidence pour des hommes libres, un mot qu’on retrouve en revanche dans tous les textes officiellement communistes d’autres lieux ou d’autres temps (à commencer par la constitution de l’URSS aujourd’hui disparue), un mot que les hérauts, prosélytes ou thuriféraires de ces derniers textes ont en permanence à la bouche comme pour mieux le pervertir, l’empêcher et y nuire par l’Etat de leur rêve qu’ils construisent en toute irresponsabilité: c’est le mot « paix ».
Mais, quelques alinéas plus bas (Titre premier, art. I.3.3), le traité mentionne que l’UE « combat l’exclusion sociale et les discriminations » ! C’est donc cela la paix universelle que le traité constitutionnel défend ? C’est vraiment la paix socialo-communiste avec les conséquences qu’on a pu observer au XXè siècle, des conséquences qu’on obtient à partir d’un raisonnement simplement logique et qui se reproduiront inchangées si le traité est ratifié !

Oui, la paix, fichez-nous là ! Non au traité.

L’invasion du textile chinois

Il y a quelques jours, l’AFP nous apprenait que « La Commission européenne (…) pourrait décider de l’ouverture d’une enquête, premier pas vers la mise en place d’une clause de sauvegarde pour protéger le marché européen. »

Une clause pour « sauvegarder » une abstraction collective au détriment des individus en chair et en os…

Il est navrant de devoir le rappeler: le protectionnisme, c’est un profit contre deux pertes.

Car si les français doivent payer leur chemise française 20 euros quand la chemise chinoise en coûte 15, c’est 5 euros qu’ils ne pourront pas dépenser dans d’autres achats. La « sauvegarde » de l’industrie du textile ne pourra donc se faire qu’au prix de l’assèchement de celle du livre, de la chaussure ou de l’automobile. Donc autant d’emplois perdus dans ces industries, pour sauvegarder les emplois du textile. Alors où est le gain ? Il n’y a eu que déplacement, au profit du lobby le plus puissant (l’industrie textile en l’occurence), et au détriment des autres.
Le gain net de l’industrie en général est donc nul.

Mais le pire est que pour le consommateur, cela représente une perte nette: avant, il avait une chemise et 5 euros. Désormais, il n’aura qu’une chemise.

L’aveuglement nationaliste et la satisfaction d’empêcher la Chine de se développer ont un prix, et c’est vous qui allez le payer.

Merci à l’Europe « ultra-libérale ».

Finances publiques de France et Art du Mensonge

Eurostat vient de nous apprendre que, pour l’année 2003 (derniers chiffres disponibles), la France est au 13ème rang des 32 pays qui entrent dans son champ statistique. Qu’en penser ? Je n’entrerai pas dans la polémique sur les comparaisons internationales disponibles ou à effectuer – toutes les comparaisons de ce type sont discutables -. Je préfère suivre une démarche purement logique qui explique le rang.

Selon MM. Magnien, Tavernier et Thesmar de l’INSEE (dans « Le recul du PIB par habitant de la France traduit surtout lÂ’imperfection des comparaisons internationales », Economie et Statistiques, n°354, 2002) :
« depuis 1997, la France se situe, selon Eurostat, au 12e rang du palmarès européen pour le PIB par habitant, alors quÂ’elle occupait la troisième place en 1992. »
Et nos auteurs de dire, finalement dès le titre, ce qu’il faudrait penser de cette évolution, du « recul du PIB par habitant ». Ils expliquent en particulier que:
« Cette contre performance apparente doit être fortement nuancée.
Il est difficile tout d’abord de départager les pays-membres situés au voisinage de la moyenne européenne, situation qui reflète la grande homogénéité de richesse entre les pays européens.
Ensuite, la richesse par habitant résulte de la correction de la productivité horaire par la durée effective du travail, par le taux de chômage et par le taux d’activité : la productivité des actifs occupés situe la France en 1999 dans le peloton de tête (au 4e rang).
C’est un chômage plus élevé et un taux d’activité plus faible qui contrebalancent cet avantage et lui font perdre six places.
Enfin, la prise en compte par Eurostat des différences de prix d’un pays à l’autre (en les corrigeant par les parités de pouvoir d’achat (PPA)) tend à réduire les écarts de richesse et fait reculer la France d’une place supplémentaire.
LÂ’imprécision de lÂ’estimation des PIB en niveau ajoute encore au flou du classement. »

J’ajouterai, pour ma part, qu’en 1995, la France, ex aequo avec l’Italie, était au 11è rang et en décembre 2004, Eurostat nous apprend que, pour l’année 2003 (derniers chiffres disponibles), la France est au 13ème rang. Le recul en forme de dégringolade semble donc se poursuivre et rien ne semble pouvoir l’arrêter, malgré ce qu’ont suggéré nos auteurs. Mais je n’entrerai donc pas dans la polémique sur les comparaisons internationales disponibles ou à effectuer – toutes les comparaisons de ce type sont discutables -. Je préfère suivre une démarche purement logique qui explique le phénomène.

I. L’endettement public a continûment augmenté en France dans la période des années 1974-2004.
En 1974, la dette publique se montait à 13% du PIB, en 2004, elle s’élève à 65,6% du PIB. En trente ans, la dette publique a donc été multipliée par près de cinq, sans que la France ait connu des catastrophes majeures. C’est considérable, sans précédent dans l’histoire.
Pourquoi prendre l’année 1974 comme référence ? Raison principale: c’est la dernière année où les comptes publics ont été en équilibre et, si on en croît les commentateurs (par exemple l’O.F.C.E.), la dette publique n’avait pas connu un niveau aussi bas depuis le début du XIXè siècle (décennie 1810). Les autres raisons se trouvent dans l’apparition du couple infernal (Giscard-Chirac) au premier plan du marché politique, et selon des commentateurs, la réglementation croissante du marché du travail de France (J. Rueff), la disparition du système monétaire international créé en 1944-45, l’augmentation du prix du pétrole, la mondialisation (M. Allais).

II. Les trois causes principales de l’endettement public croissant.
Dans cette période et malgré les apparences, les présidents de la Vè République (Giscard, puis Mitterrand et enfin Chirac) ont pratiqué la même politique à quelques nuances près (respectivement « libéralisme avancé », « socialisme aux couleurs de la France » et « travaillisme à la française »Â…). Les premiers ministres et leur gouvernement, l’ont appliquée, à quelques nuances près. Et les majorités parlementaires successives les ont votées, à quelques nuances près.
Quelle politique ? Tout simplement, « la politique du plein emploi » par les dépenses publiques (dont le déficit public est un élément fondamental), politique qu’ils ont d’ailleurs décidé de faire entrer dans le projet de traité de constitution européenne qu’ils soumettent à referendum le 29 mai prochain !
Cette politique chérie du marché politique de France repose sur une doctrine économique dont les erreurs ne sont plus à démontrer (Jacques Rueff s’en est chargé dès 1947 et aujourd’hui encore H. Sennholtz : http://www.mises.org/story/1782). Malheureusement, le marché politique de France s’en moque et s’y accroche.
Il reste que les dépenses publiques doivent être payées, que le déficit public doit être financé par l’épargne présente et que ce rôle échoit au processus de marché financier, lequel n’est plus national depuis longtemps. Le marché politique devrait le respecter et lui dire merci au lieu de le vouer aux gémonies comme il le fait en le mettant dans le sac de ce qu’il dénomme péjorativement « ultra libéralisme ». D’ailleurs, si le marché était resté national, les dépenses publiques seraient impossibles car elles ne pourraient plus être payées toutes choses égales par ailleurs, car le déficit ne pourrait pas être financé puisque le marché politique de France n’a plus la capacité de mener une politique monétaire inflationniste comme il l’a fait dans le passé. Aujourd’hui en effet, 1/3 de la dette publique est détenue par l’étranger. Le jour où le marché financier refusera de prêter, le sort de la France sera scellé.

III. Un premier gros mensonge officiel.
Depuis au moins le début de la décennie 1990, il est admis que les chiffres officiels de la dette publique sous-estiment largement la réalité, en particulier le dernier, pour 2004, à savoir 65,6% du PIB. Par exemple, dans un Rapport économique annuel 1997, la Commission européenne évaluait les engagements publics non comptabilisés, dans une fourchette de l’ordre de 216%-265% du PIB! Pour 2003, le Ministère de l’économie et des finances estimait les engagements au titre des retraites des fonctionnaires de l’Etat, 55% du PIB ! Ce chiffre devrait être ajouté en toute rigueur au chiffre de 65,6%, on obtient alors que la dette publique représenterait 120% du PIB. Dans un rapport du Sénat intitulé « La quadrature du cercle? Débat d’orientation budgétaire pour 2004 », on peut même lire que « en matière de finances publiques, le « compte à rebours » a commencé ».

IV. Le fardeau de la dette publique a lui aussi augmenté continûment, et c’est plus grave.
Plus que l’augmentation de la dette publique, l’augmentation de son « fardeau », i.e. du « service de la dette » – intérêt et amortissement – qu’on peut lire dans le budget de l’Etat, est destructrice. En 1974, ce fardeau représentait 0,9% du PIB alors qu’en 2004, il atteint 2,9 % (47,2 milliards d’euros). En trente ans, il a donc été multiplié par plus de trois. C’est considérable.
Le fardeau a ainsi été supérieur aux recettes 2004 de l’impôt sur les sociétés (44,8 milliards d’euros) ! En d’autres termes, tout se passe comme si une partie de la création de richesses par les entreprises, celle qui est versée en impôt, était purement et simplement engloutie par la politique de l’endettement public des hommes de l’Etat !
Le fardeau de l’endettement public a été aussi supérieur au déficit 2004 de l’Etat (43,9 milliards d’euros). Tout s’est passé comme si les hommes de l’Etat finançaient le fardeau de la dette en émettant de nouvelles dettesÂ… Mais cela, c’est ce qu’on dénommait dans le passé la « cavalerie »Â… ! Et la cavalerie se termine toujours très mal ! Quant au vrai droit, au droit privé, il l’interditÂ…

V. Un second gros mensonge officiel
En 1974, le chiffre des prélèvements obligatoires que retient le marché politique et qui inclut impôts et cotisations obligatoires, s’élevait à 40,4% du PIB et en 2004, il s’élève à 43,6%. Faible augmentation dira-t-onÂ… ? Mais les prélèvements obligatoires en question sous-estiment là encore la réalité (de plus de onze points) et, de ce fait, ils constituent un second gros mensonge. Les prélèvements obligatoires véritables, réels, ceux que vous et moi supportons, correspondent aux dépenses publiques qui sont passées de 40,4% du PIB en 1974 à plus de 55% en 2004, près de quinze points d’augmentationÂ…, c’est considérable.

VI. Conclusion.
Etant donné leur importance quantitative, il est logique que le fardeau de la dette publique et le poids des prélèvements obligatoires véritables que vous et moi supportons, l’un augmentant l’autre, aient fait glisser progressivement la France en queue du peloton européen. Ils cachent des gaspillages ou des destructions de richesses qu’on ne retrouverait pas dans les autres pays européens si on les y cherchait.
C’est d’ailleurs le phénomène opposé à ce « phénomène de glissement progressif versÂ… » qui défierait l’entendement de la personne raisonnable. Comment la France pourrait-elle améliorer sa position avec de tels gaspillages ou destructions de richesses ?
C’est malheureusement à ce type de phénomène opposé qu’en France, depuis 1974, les hommes de l’Etat et le marché politique dans son ensemble – et en particulier « dans ses contrées reculées » que sont les médias – s’efforcent que le « bon peuple » croie.

« Soyez libéraux, soyez socialistes, mais ne soyez pas menteurs » écrivait Jacques Rueff, en 1945, dans L’ordre social , il y a donc soixante ans Â…
La formule est d’une actualité brûlante. Le jour où le marché financier sera convaincu des mensonges, qu’ils sont trop gros et, pour cette raison, ne prêtera plus ou prêtera alors à des taux d’intérêt élevés, voire exorbitants, au secteur public et, en particulier, à l’Etat, il sera alors trop tard, ceux-ci auront franchi la limite de la crédibilité, la France sera entrée dans une crise ouverte. Et, nous serons dans le bateauÂ…

En 1975, il y a donc trente ans, (et ceci sera publié dans Le Monde, 19 février 1976 sous le titre « La fin de l’ère keynésienne« ), Jacques Rueff écrivait encore au su ou vu du couple infernal Giscard-Chirac:
« Â… la doctrine du plein emploi Â… est en train de détruire sous nos yeux ce qui subsiste de la civilisation de l’Occident ».
Sont survenus heureusement, quelques mois plus tard, respectivement, dans l’Etat du Vatican, puis en Angleterre et enfin aux Etats-Unis, Carol Vojtyla, Margaret Thatcher et Ronald Reagan pour sauver la situation.

Mais en France, cela a été de pire en pire. Et Jacques Chirac a été élu président de la République pour la première fois, il y a dix ans, en 1995.
J’ajouterai donc pour conclure: Sortez du ‘Pays des Merveilles’ d’Alice où les socialo-communistes, ancre du marché politique de France, veulent vous faire vivre malgré tout à l’instigation du magicien de Cambridge et de ses prosélytes depuis 1936 Â… Dénoncez en particulier leur propos sur cette prétendue « politique de plein emploi » qu’ils ont désormais inscrite dans le projet de traité sur la constitution de l’Union européenne soumis à referendum, en France, le 29 mai prochain et qu’ils veulent que vous adoptiez.

Il faut au moins s’opposer avec la plus grande fermeté à cette destruction spécifique du bon entendement des personnes raisonnables si on veut faire disparaître la perspective de la crise.(1)

(1) Addendum : http://blog.georgeslane.fr/category/Finances-publiques

Chômage en GB ou Art de Faire Peur ?

« Grande-Bretagne: hausse du chômage malvenue pour Blair en campagne électorale » titre une dépêche de l’AFP publiée sur yahoo.fr. Le chômage de masse serait-il de retour en Angleterre ? Blair va-t-il perdre les élections comme certains Anglais perdent leur emploi ?

LONDRES (AFP) – Le chômage est reparti à la hausse en Grande-Bretagne en mars, selon les chiffres officiels publiés mercredi, une mauvaise nouvelle pour le Premier ministre travailliste Tony Blair en pleine campagne électorale, même si l’emploi reste au plus haut depuis 30 ans.

Accablant, en effet.

Le taux de chômage, qui s’était stabilisé à 2,6% depuis plusieurs mois, est remonté à 2,7%, son niveau de novembre dernier.

0 % d’augmentation en un an, quelle dégradation !

L’ONS a reconnu que ces chiffres montraient « Ã  la fois une augmentation du taux de chômage et une hausse du nombre de personnes employées ». Un constat qui reflète une augmentation de la population active.

C’est le monde à l’envers.

Vendez tout!

Perben, ministre de la Justice, prépare une loi prévoyant la saisie et la vente des biens des « criminels »:

Pour illustrer le texte en cours d’élaboration, il a cité le cas d’un individu qui n’a aucune activité, aucun revenu déclaré et qui possède une voiture de luxe. « Il convient de la saisir et de la vendre. Il faut aussi pouvoir saisir et vendre les biens immobiliers avant même les jugements« , a-t-il précisé. Interrogé sur d’éventuelles relaxes ou acquittements de suspects, il a répondu, en souriant : « si jamais on s’était trompé il faudrait pouvoir rembourser ».

Si la saisie servait à rembourser les victimes, ce projet irait dans le bon sens, mais niet, nada: il est avant tout destiné aux crimes sans victimes comme le trafic de drogue, et sera certainement bientôt utilisé contre les « fraudeurs fiscaux » et autres grands « criminels » contre l’Etat. On imagine sans peine le potentiel d’abus. Nous vivons vraiment dans une république bananière!
(à noter qu’aux USA la même chose existe pour le trafic de drogue, avec des abus multiples et répétés)

De la dépression au suicide

Voilà plusieurs semaines que je ne m’étais pas exprimé ici, sur la Page Libérale. A force de pester contre ceci ou cela, je commence à avoir l’impression non seulement de radoter, mais d’être un vieux (à 28 ans!) grincheux, aigri et perpétuellement déçu. Je dois ajouter à cela que mon attachement aux valeurs libérales tient à la fois d’un raisonnement parti d’un constat (voir ma « bio »), mais aussi d’une adéquation primaire, viscérale entre les valeurs libérales et ma façon d’aborder le monde, la vie: je déteste foncièrement qu’on me dicte ma conduite, qu’on réduise arbitrairement mon choix, ou pire: qu’on me prenne pour un débile et qu’on me demande de sourire quand je me fais racketter. Pour ces raisons je me prenais des vacances, loin des médias, loin des conversations « politiques », loin de l’absurdisme ambiant et des pensées déprimantes. Je reviens juste le temps de cet article. En France, le travail est extrêmement réglementé (vous avez déjà lu votre convention collective ?), les impôts très élevés (et suffisamment progressifs pour vous faire passer l’envie de gagner plus, ou de partir ), les médias sont complices de l’Etat (ils s’y opposent seulement pour en demander plus), de nombreux secteurs sont sous contrôle quasi-total de l’Etat (santé, éducation, 90% contrôlés par l’Etat, et vous payez deux fois sinon), d’autres sous contrôle partiel (logement notamment)… Malgré les cris bovésiens (j’avais envie d’écrire bovins), il faut se rendre à l’évidence la France est un pays SOCIALISTE. L’un des résultats les plus évidents: le chômage. Corollaire: la perte de confiance en l’avenir. La France est un pays qui coule, dans un continent qui coule. Illustration via quelques articles trouvés sur les sites du Monde et TF1.

Dimanche 10 Avril, Chômage : Raffarin met de l’eau dans son vin (TF1):

Après avoir longtemps affirmé que la croissance atteindrait les 2,5% en 2005 et que le chômage baisserait de 10%, le Premier ministre, dans un entretien que publie Nice-Matin, se montre plus mesuré dans ses prévisions.

Après avoir raconté des bobards qui ne l’engageaient à rien, notre premier ministre se décide à dire la vérité. Mais peut-être croyait-il vraiment ses mensonges ? Les ministères, bercés par leurs savantes équations keynésiennes, à grands renforts d’effet multiplicateur de la dépense publique, sont-ils à ce point auto-intoxiqués de leur propre poison intellectuel ? C’est bien possible: tous formés dans les universités (où je suis passé) et grandes écoles publiques (donc d’Etat) les serviteurs de l’Etat partagent la même idéologie, les mêmes opinions, et soutiennent les mêmes thèses, lisent les mêmes journaux. Ce sont des clones intellectuels: pourtant différents à l’extérieur, à les écouter il est impossible de les distinguer. Voilà pourquoi année après année ils nous promettent la croissance, soutenue par les dépenses publiques, la consommation, et jamais par l’investissement, le travail, les baisses d’impôts ou autres facteurs absents de leurs équations mirifiques.

Jean-Pierre Raffarin, tout en se disant confiant dans les résultats de sa politique économique et sociale, se montre désormais très prudent sur la baisse du chômage, le taux de croissance en 2005 ainsi que le rythme de baisse de l’impôt sur le revenu. Dans un entretien que publie Nice-Matin, le Premier ministre reconnaît en effet pour la première fois que sa promesse de baisser de 10% le nombre de demandeurs d’emploi sur l’ensemble de l’année 2005, réaffirmée à plusieurs reprises, risque de ne pas être respectée dans les temps et que sa réalisation sera « peut-être décalée de quelques mois » en raison, selon lui, du « nouveau choc pétrolier ».

J’aimerais savoir… quand on définit une politique, cela signifie quoi, concrètement ? En fait un politicien constate un >problème (ou plutôt, l’invente, quand il ne l’a pas lui-même créé). Il va donc puiser dans son idéologie une cause (à gauche, l’ultralibéralisme, à droite, l’ultralibéralisme), et une solution (à gauche, plus d’intervention de l’Etat, à droite, plus d’intervention de l’Etat). Ensuite, le politicien décide d’un budget, de diverses mesures: ce sont les moyens dont il dispose pour appliquer sa méthode, il ne connaît que ceux-là de toute façon. Il ne sait d’ailleurs pas qu’il existe une société civile (et non pas une France d’en bas), terme qu’il rencontre parfois dans ses discours, écrits par ses conseillers en communication.
Et il s’arrête là. Définir une politique n’inclut pas l’essentiel, à savoir caractériser la réussite, développer des critères de mesure du succès (ou plutôt de l’échec). Il y a bien quelques indicateurs chiffrés, dont celui du chômage, mais la plupart des objectifs sont formulés en des termes vagues, volontairement imprécis, sur lesquels on pourra débattre à l’infini, remettre en cause les moyens, jamais suffisants…
Dans le cas présent, cet idiot de Raffarin avait promis une baisse du chômage, avec un objectif chiffré. Ses adversaires doivent encore se tenir les cotes, même s’ils savent très bien que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Alors pour faire pardonner son échec, que fait Raffarin ? Facile: c’est la faute au choc pétrolier! Les plus perspicaces diront même que c’est la faute aux Américains, et à Bush en particulier.

Tout en réaffirmant son « ambition » de parvenir à cette baisse de 10%, Jean-Pierre Raffarin semble partager les doutes récemment émis sur cet engagement par son ministre du Travail Jean-Louis Borloo, qui avaient, selon la presse, provoqué des tensions entre les deux hommes. « Il reste que, selon l’Unedic et plusieurs instituts, le nombre de demandeurs d’emploi devrait diminuer de 120.000 cette année. Nous pouvons faire encore mieux », assure le Premier ministre. Mais une baisse de 10% du chômage en 2005 devrait concrètement se traduire par 250.000 demandeurs d’emploi en moins. La possibilité de tenir de cette promesse a été mise en doute par certains experts, les syndicats et le patronat, alors le taux de chômage est remonté à 10,1% de la population active et que l’on frôle désormais la barre des 2,5 millions de chômeurs.

Nous pouvons faire mieux ? Qui est « nous » ? Lui et ses ministres ? Ou les chefs d’entreprise, les artisans, les employés, la France productive ? Si le chômage baisse c’est grâce à sa politique, si il augmente c’est la faute au choc pétrolier ? Le reste n’a aucune importance: nous, les Français d’en bas, ne sommes même pas des variables dans ses équations.

Quant à la baisse de l’impôt sur le revenu, « l’orientation est maintenue » mais le gouvernement la conditionne et décidera des nouvelles réductions, notamment dans l’élaboration du budget 2006, « en fonction du rythme de l’activité économique ». « Nous avons déjà baissé l’impôt sur le revenu de plus de 10% depuis 2002 », souligne le Premier ministre. « Notre politique est globale, nous actionnons tous les leviers possibles », le premier étant « la consommation » : augmentation du Smic, « garantie de maintien du pouvoir d’achat des fonctionnaires », développement de l’intéressement des salariés et « déblocage des revenus tirés de la participation », lutte « contre les marges excessives de la grande distribution » via l’amélioration de la loi Galland. Le gouvernement soutient également l’investissement, « notamment par l’exonération de taxe professionnelle avant qu’un nouveau dispositif, plus favorable à notre industrie, ne soit arrêté pour 2006 », ajoute Jean-Pierre Raffarin.

Quel paragraphe terrible à lire. Quelle catastrophe que ce gouvernement soi-disant « ultra-libéral ».
1/ Les baisses d’impôts, il ne faut pas y compter. L’effet Laffer est inconnu de Raffarin: baisser les impôts pour voir les recettes augmenter, tout simplement parce que la motivation à gagner plus revient, n’est pas à l’ordre du jour. Si la croissance est « bonne », et bien sûr il ne donne pas de chiffre, alors les impôts baisseront. Promesses en l’air. La croissance ne sera jamais assez bonne, et les déficits abyssaux ne seront jamais comblés (en tout cas, pas par ce gouvernement, pas dans ce pays, pas dans ce continent): les impôts seront donc toujours aussi élevés. Ah oui, ils ont baissé nous rappelle le premier clown. Enfin, seulement l’impôt sur le revenu: 50% des Français ne touchent même pas assez pour le payer, et passé un certain seuil de revenus il est plus intéressant de payer un conseiller fiscal qui vous permettra de passer à côté. Qui le paye, alors ? Les « classes moyennes supérieures »! Et pas qu’un peu. 10% de moins ? non, 10% sur les taux. Pas 10% du montant. Au final quel gain réel ?
2/ Il actionne tous les leviers possibles. Tout à fait keynésien ça comme discours. A part ça Raffarin est un ultralibéral à la solde du MEDEF (ultra-néolibéraux ceux-là). Et quels sont ces leviers ? Le SMIC, la première arme anti-emploi: augmentez le SMIC de 10% et vous faites des dizaines de milliers de chômeurs en plus. Comment ? Mais simplement: ceux qui n’ont pas la productivité nécessaire pour gagner ce salaire sont licenciés, à plus ou moins brève échéance, que leur employeur fasse faillite, qu’il délocalise, réorganise sa production… Le pouvoir d’achat des fonctionnaires ? L’argent vient des impôts des autres. La « garantie de maintien du pouvoir d’achat des fonctionnaires » c’est la garantie pour les autres de voir le leur stagner. Ils travailleront pour maintenir celui des fonctionnaires. Le reste des « leviers » ? Un point intéressant mais qui ne changera pas la vie des Français, et une attaque frontale contre la grande distribution, dont le succès est certainement dû aux marges excessives (c’est quoi une marge « excessive » ?) et non pas aux millions de Français qui s’y précipitent tous les jours pour y profiter des meilleurs prix.

Ouf, voilà pour le premier article… mais il y en a encore, dans la même veine. Je vous le dis: pour me faire sortir de mon confort intellectuel retrouvé, de ma paisible retraite, il a fallu que j’en lise des conneries! Je vais donc continuer avec un 2nd article sur le thème du chômage, pour enfoncer le clou.

Mis en ligne le 31 mars: Le chômage poursuit sa progression (TF1):

Il s’est accru de 0,5% en février après une hausse de 0,7% en janvier. Le ministre de la Cohésion sociale a estimé que l’engagement du premier ministre d’une réduction de 10% du chômage en 2005 ne sera pas tenu.
[…]
« On n’a pas de bons chiffres, comme on s’y attendait », a reconnu le ministre délégué aux Relations du travail, Gérard Larcher. « Dans une conjoncture du marché du travail toujours très hésitante, il n’y a pas de créations d’emplois dans le secteur marchand », déplore le ministre. « Le problème, c’est qu’on ne crée pas assez d’emplois pour absorber la croissance démographique jusqu’en 2006 », a-t-il résumé.

Ensuite le vieillissement fera le reste.

Invité sur Europe 1 jeudi, le ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, a estimé que l’engagement de Jean-Pierre Raffarin d’une baisse du chômage de 10% en 2005 ne serait « probablement pas tenu précisément sur les chiffres annoncés ». « Je pense en revanche que le deuxième semestre 2005 verra une amélioration très significative », a ajouté le ministre.

Et moi je pense que le deuxième semestre va être comme le premier. Pourquoi serait-il différent ? Quelles données fondamentales vont changer ? Les « moi je pense que » devraient être réservés pour les discussions de comptoir.

Reconnaissant qu’il s’agissait d' »un très mauvais chiffre », le ministre délégué à l’Industrie, Patrick Devedjian, a néanmoins considéré jeudi sur RMC que l’objectif fixé par Jean-Pierre Raffarin pourrait être atteint, notamment grâce à « un grand projet de développement des services à la personne ».

Il pourrait être atteint dans une France libre, où je pourrais faire repeindre mon appart sans devoir payer 75% d’impôts (charges sociales+taxes diverses), où je pourrais épargner ce que je mets de côté au lieu de tout balancer au fisc, où je pourrais choisir ma sécurité sociale, faire le plein et parcourir 800 bornes parce que j’ai envie de me dépayser sans me ruiner… « Services à la personne », quelle foutaise. Evidemment aujourd’hui il existe toute une classe d’entrepreneurs spécialisés dans la captation de rentes étatiques: ils sont au service de l’Etat.

Passons maintenant à un article paru dans Le Monde (le 4 avril): L’atonie de la croissance française inquiète les patrons

Les doutes sont revenus. Alors qu’à la fin de l’année 2004 les chefs d’entreprise pariaient sur un rebond de l’économie, ils s’inquiètent à nouveau. Leurs carnets de commande sont en baisse, le taux d’utilisation des équipements est retombé sous la normale, les investissements sont suspendus, les tensions sur les trésoreries réapparaissent. En un mot, l’activité est décevante.

Je vous passe les détails et j’en arrive directement à l’essentiel:

Les pronostics, certes, divergent selon la taille des entreprises et leur secteur d’activité. Dans les grands groupes très mondialisés, comme Schneider Electric, L’Oréal et LVMH, le nouveau refroidissement français et européen est à peine un sujet. La croissance est ailleurs, comme le confirme Henri Lachmann, PDG de Schneider :  » Les Etats-Unis vont mieux que prévu en ce début d’année. En Asie, on continue à avoir une croissance formidable, même si elle est un peu moins soutenue qu’en 2004. Et puis il y a des zones de résistance en Europe, comme l’Espagne et le Royaume-Uni. »

Et encore:

Après avoir connu un dernier trimestre 2004 très actif, de nombreuses entreprises travaillant dans la mécanique, la fonderie, le plastique, enregistrent, depuis janvier, un net recul de leur carnet de commande. « Il n’y a pas de crise mais une mévente. Nous sommes obligés de nous adapter. Nous sommes en permanence dans une économie de « stop and go »« , constate Jean-Pierre Frot, le patron de la fonderie CF2M.

Vous êtes toujours là ?

Le sujet de préoccupation qui fait l’unanimité chez les chefs d’entreprise, c’est l’euro. Les sociétés françaises subissent toujours le contrecoup d’une appréciation de 38 % de la monnaie européenne face au dollar en dix-huit mois. Rien ne leur permet, à court terme, de compenser une telle perte de compétitivité. Souffrant d’une spécialisation insuffisante, d’un manque d’innovation et de valeur ajoutée, elles voient leurs parts de marché s’effondrer. Les difficultés de l’Allemagne, premier client de l’économie française, aggravent encore la situation. Pour résister à la concurrence internationale, beaucoup de patrons ne voient, comme réponse rapide, que la délocalisation vers les pays de l’Est. Même les PME commencent à prendre le chemin de la Roumanie, de la Pologne ou de la Slovaquie.

L’euro miraculeux devait résoudre tous nos problèmes économiques, il n’en est, évidemment, rien. Mais pire que ça: si les entreprises délocalisent, c’est qu’ici en France il n’y a pas de raisons suffisantes pour rester. Innovation ? pfft! Valeur ajoutée ? Nada!

En résumé, cet article du Monde montre simplement qu’en Europe il reste une île de croissance, le Royaume Uni (quel hasard: le pays le moins socialiste!), et que pour le reste il faut voir ailleurs: en Asie, aux USA. Evidemment tout cela pèse sur le moral, notamment des décideurs, les cadres. Et justement ils viennent de faire l’objet d’une petite enquête…

TF1.fr, le 04 avril: Le blues des cadres

Plus de quatre cadres sur dix pensent que d’ici un an, le niveau de vie en France va se dégrader et 61% ne font pas confiance au ministre de l’Economie Thierry Breton pour améliorer la situation économique, selon un sondage Louis Harris pour le Figaro Entreprises et diffusé sur France Inter. Les cadres ne sont ainsi que 13% à penser que le niveau de vie en France « s’améliorera » d’ici un an. Ils étaient 12% à le penser en février, mais 17% en décembre et 19% en mai 2004. 43% pensent qu’il « se dégradera » (42% en mars 2004)

Sur le front de l’emploi, 56% des cadres estiment que le nombre de chômeurs en France « augmentera » dans les mois qui viennent. Ils étaient 60% à le penser il y a un an. Les cadres ne voient pas d’un meilleur oeil leurs perspectives professionnelles puisqu’ils sont 79% à estimer qu’elles sont « faibles » : 36% d’entre eux estiment même qu’elles sont « inexistantes ». Seulement 2% considèrent qu’elles sont « très importantes ». 18% des cadres interrogés croient que leur situation financière « va se dégrader ». 22% estiment qu’elle « va s’améliorer » (21% en mars 2004). Enfin, 51% des cadres jugent leurs collaborateurs « pas motivés » contre 46% il y a un an. 48% sont convaincus du contraire contre 54% il y a un an.

Pessimisme ou réalisme ? Les cadres ont accès à plus d’informations que le reste de la population, ils prennent leurs décisions en se basant sur ces informations. Et que disent-ils, en masse ? Que la situation est déplorable. Qu’ils ne voient pas de perspective, ni pour eux, ni pour leurs équipes, ni pour l’économie en général. Cela veut simplement dire que pour les cadres tous les signaux sont au rouge. Quand ils feront leurs rapports sur les besoins d’investissement, sur une embauche éventuelle, qu’écriront-ils aux dirigeants, aux actionnaires ? Quand ils iront négocier une augmentation, pour eux ou leurs équipes, comment négocieront-ils s’ils pensent que de toute façon c’est perdu d’avance ? Les cadres ce sont justement ceux qui payent l’impôt sur le revenu, les plus taxés de France, à part peut-être les nouveaux riches de l’île de Ré, les plus harassés de travail, les plus emmerdés par les réglementations sur le travail etc… ils n’ont visiblement pas vu leur niveau de vie augmenter suite à cette mirifique baisse de 10% de l’impôt sur le revenu!

Alors les cadres rêvent… et c’est ainsi que je tombe sur un autre article sur TF1.fr:
31 mars 2005, Cadres, n’écoutez pas les sirènes des States

Les cadres gagnent mieux leur vie aux Etats-Unis qu’en France. Le résultat de l’étude de l’Association pour l’emploi des cadres publiée jeudi ne surprend guère. Cependant, en tenant compte des principaux postes de dépenses, des retraites, du taux de change ou encore du temps de travail, la situation peut tourner à l’avantage de la France, tempère l’étude. L’Apec a comparé la rémunération et les principaux coûts (logement, éducation des enfants, voiture) d’un cadre tout au long de sa vie en France et aux Etats-Unis et s’est intéressée aux cadres moyens et supérieurs des filières production et vente.

Le résultat de l’étude ne surprend guère, puisqu’on savait déjà que la France a le meilleur système de soins, de retraites, d’éducation, de réseau routier et ferré… Et si au lieu de tenir compte du taux de change l’APEC avait parlé en termes de parité de pouvoir d’achat ? On roule combien de kilomètres avec 10$ ? Avec 10 euros ? Une famille avec un cadre a combien de m² pour vivre ? Combien de véhicules ? Et un cadre français, il travaille combien d’heures (oh oui, les 35 heures, la bonne blague!) ? Au niveau des congés par contre je veux bien croire qu’on en a plus en France, si il y a un domaine sur lequel nous sommes imbattables c’est bien celui-là!

Elle en a conclu que « la situation est plus favorable aux Etats-Unis qu’en France en termes de revenus ». Si l’on s’en tient au salaire brut cumulé tout au long de sa carrière (en raisonnant sur un taux de change euro/dollar de 1,24), celui d’un cadre moyen de la filière production est supérieur de 17% aux Etats-Unis par rapport à la France, à parcours équivalent. Il est supérieur de 29% dans la filière vente.

Même en prenant un taux de change largement favorable à l’euro, les salaires sont nettement supérieurs aux USA. Si maintenant on fait le compte du pouvoir d’achat d’un dollar, il est évident que les salaires aux USA sont le double de ceux pratiqués en France.
Mise à jour: un lecteur perspicace me fait remarquer qu’effectivement l’étude est réalisée en BRUT et non en NET. Quelle blague, mais quelle blague! Mon salaire net est égal à 50% de mon brut, aux USA il serait égal à 75%. Rien que le fait de vivre aux USA augmenterait mes revenus, à brut égal, de 50%.

Mais si l’on prend en compte les principaux postes de coût, les écarts se réduisent, en particulier lorsque le cadre est marié. Le revenu cumulé tout au long de la vie d’un cadre moyen est alors supérieur de 8% aux Etats-Unis dans la filière production et de 14% dans la filière vente. La pression fiscale, selon l’Apec, est équivalente dans les deux pays, sauf pour les cadres supérieurs célibataires, moins favorisés en France. Mais la couverture retraite est plus avantageuse en France : le cadre moyen reçoit une pension qui représente en moyenne 55% de son dernier salaire brut, contre 40% aux Etats-Unis. Enfin, « il existe une différence importante entre le nombre annuel d’heures de travail » dans les deux pays : il s’élève à 1.561 heures en France contre 1.843 aux Etats-Unis.

La pression fiscale est équivalente ? What a joke! Ils doivent oublier de compter les charges sociales j’imagine, 50% d’impôts (vous avez déjà essayé de ne pas payer les charges ?) avant même de toucher un centime (et de repayer l’impôt sur le revenu, la TVA, la CSG et je ne sais quoi).
Quant au délire sur les retraites, il ferait sourire si la situation n’était pas tragique: je ne connais aucun cadre qui pense sérieusement qu’il touchera un jour une retraite de l’Etat français. A vrai dire je ne connais personne qui imagine toucher sa retraite, cadre ou pas. Et d’ailleurs, à quel âge ? 75 ans ? 80 ? Ou alors payée en monnaie de singe, dans un euro dévalué ? Cette étude est complètement débile et les lecteurs de TF1.fr ne s’y sont pas trompés, voici quelques extraits des commentaires:

  • Pourquoi se prendre la tete? les USA creent des emplois alors que la France compte 10% de chomeurs. Faudrait que les Francais (surtout les jeunes diplomes) laissent de cote leur anti-americanisme de base, et commencent leur carriere aux USA, ou je peux vous dire que je gagne quasiment le double de ce que j’aurais espere en France (sachant que je sors d’une grande ecole d’ingenieurs). Y a certes pas les 35 h ici mais je n’en fais pas tout un plat. Pour les sceptiques, je crois que le cas (tres mediatise) de Sophie Talneau avec son livre « on vous rappellera », les incitera a reflechir…
  • C’est ça, bientôt, on va nous faire croire que les français ont un pouvoir d’achat supérieur aux américains… En attendant, avec 4,5% de taux de chômage, 60% des pauvres propriétaire d’un logement de 200m² en moyenne et de leur voiture, des salaires au minimum 2 à 3 fois plus élevés que les salaires que l’on est en droit d’attendre en France, sans compter des gens bosseurs, la quasi-absence de grèves et de syndicats, une fonction publique digne de ce nom, et des prix largement inférieurs à ce que l’on connaît en France, il fait certainement meilleur travailler de l’autre côté de l’Atlantique. Après, si la finalité de la « qualité de vie » c’est se complaire au RMI ou au chômage en se répétant qu’à la retraite on aura 55%… Chez moi, il vaut mieux 40% de beaucoup que 55% de pas grand chose ! Mais bon, la dizaine de correspondants que j’ai, qui sont répartis sur tous les États-Unis, ainsi que les membres de ma famille qui y ont émigré, doivent certainement être des privilégiés !
  • Etude interessante, mais le taux de change pris en compte est ridicule.
  • Etude inutile. Tout le monde sait que c’est « mieux » en France. Toutefois ils sont des milliers à partir non pas pour péparer une « meilleure retraite » mais pour aller chercher une bien meilleure liberté d’action (cas du chercheur célèbre qui était obligé de prendre sa retraite à 60 ans et qui a trouvé refuge aux USA), y trouver une hierarchie quasi-inexistante, qui n’a de hiérarchique que le nom et, des moyens conséquents le tout enveloppé dans un esprit concurentiel motivant et ouvert sur la créativité et le positivisme. Si le salaire est supérieur tant mieux mais ce n’est pas cela qui motive principalement les cadres et les chercheurs de haut niveau.
  • La situation peut tourner à l’avantage de la France si l’on prend en considération le temps de travail ? Quelle douce plaisanterie ! C’est oublier un peu vite que les 35 heures ont abouti à des cadences de travail plus dures qu’auparavant
  • Je ne sais pas comment ils ont fait leur etude mais bon…. J etais cadre en France et je le suis aux USA a NYC depuis plus de 6 ans. Ce que je peux vous dire c est que nous travaillons autant ici qu en France (j etais en France avant les 35 Heures) je peux meme vous dire que j avais l impression de travailler plus en France (Paris)car je passais 2 heures dans la voiture aller retour + 1 h 30 pour le dejeuner. ici, meme si j habite plus loin de mon job, je passe 2 fois – de temps et nous avons que 20 Mns pour le dejeuner qui est pris sur place. = resultat je suis bcp plus tot chez moi le soir qu en France et je profite de ma famille. Sujet salaire = C est paye 2 fois plus en moyenne. Sujet Retraite, tous cadres superieurs a des plans de retraites prives qu on appelle 401 K ou autres qui sont tres biens, et en plus grace a un protocole signe entre Mitterand et Bush senior, le temps travaille aux USA est calcule dans le nombre de trimestre necessaire afin de beneficier de la retraite Francaise. Consequence, Il vaut mieux travailler aux USA qu en France…… La seule chose qui manque aux Francais aux USA c est leur famille, et l incontournable bonne humeur des francais surtout a Paris
  • On ne part aux States pour l’argent ! Heureusement qu’il n’y a pas que le pognon dans la vie. On part dans un pays anglo-saxons quand on en a raz le bol de voir la résistance au changement dans notre pays et l’incapacité de certaines castes (certains fonctionaires, personnes protégées par leur statut tel EDF, SECU, URSSAF, etc et syndicats) à se remettre en cause pour le bien des générations futures. Bye bye

Et justement, parlons-en des générations futures:
Dimanche 10 avril: le Vieux Continent perd ses enfants (tf1.fr):

Selon une étude du Conseil de l’Europe, la population de l’Europe, en proie à un vieillissement inéluctable, devrait diminuer de 13 à 22% d’ici à 2050 par rapport aux chiffres de 1995. A cette date, la population européenne (sans la Turquie, les pays du Caucase et Chypre) était de 728 millions d’habitants. En 2050, elle pourrait en compter près de 100 millions de moins dans l’hypothèse d’un indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) qui se redresserait jusqu’à 1,85. Cet indicateur n’était que de 1,42 entre 1995-2000, selon l’étude publiée jeudi lors d’un colloque à Strasbourg intitulé « La cohésion sociale face aux défis démographiques ».

« Au cours des quelques années à venir, la population européenne continuera à augmenter légèrement, mais ensuite elle va commencer à décroître, si bien que vers 2010-2015 nous allons être confrontés à des problèmes très graves, notamment pour le financement des retraites », a souligné Charlotte Höhn, présidente du Comité européen sur la population. Selon ces projections, la perspective de déclin démographique est particulièrement alarmante en Europe orientale, où la population pourrait diminuer d’un tiers entre 2005 et 2050. Dans l’ensemble de l’Europe, la pourcentage de personnes âgées de plus de 65 ans pourrait atteindre 25 à 33% de la population en 2050, contre 14,7% en 2000.

Autrement dit l’étude de l’APEC c’est du flan car il sera impossible de payer les retraites. Mais il y a plus que ça: les entreprises n’innoveront plus car il n’y aura plus assez de jeunes, les décisions seront prises par des vieux, forcément plus résistants au changement (dont moi, heh!)… Il est triste mais édifiant de constater que les pays les plus touchés par cette crise sont ceux de l’Est, où la tendance est encore plus accentuée qu’à l’Ouest: en Russie c’est 1 million de Russes en moins chaque année (non non, c’est pas une blague).

Or, ce déclin démographique a peu de chance de pouvoir être contrebalancé par l’immigration, estime le rapport, car il faudrait à l’Europe « 1,8 million de migrants par an » d’ici à 2050 pour maintenir sa population au niveau de 1995, « 3,6 millions » pour maintenir la population en âge de travailler, et même « 25,2 millions » pour maintenir le rapport entre actifs et retraités.

Faites les comptes. La France, et toute l’Europe, est en train de mourir étouffée par le socialisme. Et remplacer la population européenne par une population immigrée ne la fera pas revivre, cela la tuerait plus sûrement et rapidement que cette mort lente, ce suicide démographique. Qui croit encore en l’avenir en Europe ? Tous les protocoles de Lisbonne (objectif 2010: être plus compétitif que les USA), la Constitution européenne, l’euro… tout cela n’y changera rien. Les Européens n’y croient plus.

Le Point n’aime par les perches mondialisées

Un article dans le no. du 31 mars 2005 s’intitule « Le cauchemar de Darwin », et se sous-titule « Un documentaire sur la pêche de la perche en Tanzanie plonge le spectateur dans les affres de la mondialisation et des dérives de l’aide internationale » « (…) Même le pire ennemi du système libéral ne pouvait imaginer un pillage économique plus cynique de l’Afrique par l’Occident. Tandis que les filets de perche à des prix inabordables pour les Tanzaniens [certains marchands tanzaniens doivent se faire des c… en or. Est-ce un crime ?] s’envolent dans des avions russes [ah, les vilains russes, marchands d’avions !] à destination de nos supermarchés [temples de la sur-consommation, c’est bien connu ! Mieux vaudrait des croissants !], les carcasses ammoniaquées et bouffées par les asticots [il fait chaud dans ces pays-là, la chair se décompose rapidement] sont revendus aux populations locales [rien ne se perd, tout se transforme. Cela fait penser au ghi indien fabriqué avec du beurre européen. Tous ces gens devraient être nourris de force avec nos saumons d’élevage septentrionaux nourris aux croquettes pour chien.] Quand au surplus des emballages plastiques du poisson, fabriqués par des Indiens [ah, les méchants indiens ! Ils mangent le pain de nos Duponts franchouillards !] pour l’usine financée par l’Union européenne [pour une fois, je suis d’accord avec l’auteur, c’est scandaleux. Supprimons les subventions !] il est récupéré par les gosses des rues qui en sniffent les vapeurs [il n’y a pas que les Africains qui sniffent des choses!] Qu’apporte l’Europe en retour ? [… de quoi ?] Des armes acheminées dans ces mêmes avions-cargos [qu’ils transportent des fleurs !] qui repartent les soutes pleines de filets de perche du Nil [le commerce est-il un crime ?]. On nage en effet en plein  » cauchemar  » [ah bon ? Je commençais à m’assoupir.] Où un darwinisme économique [que vient faire Darwin là-dedans, en dehors du fait que les perches ont réussi à s’acclimater aux eaux africaines ? D’autre part, de quand date le dernier article de l’auteur de ce chef-d’oeuvre, sur la « France-Afrique » de nos chers hommes politiques ?] Je m’arrête là. L’odeur d’anti-mondialisation pourrie me donne la nausée.

L’Etat français ne nous protège plus

« Quatre millions d’euros sont consacrés au fonctionnement des services de lutte antiterroriste en France, contre 30 millions pour les radars automatiques de la sécurité routière » déclare Stéphane Berthomet, officier de la lutte antiterroriste dans un article intitulé « L’ombre d’Al-Quaeda dans nos banlieues » publié dans Le Point du 31 mars 2005.
Cette phrase fait froid dans le dos : l’Etat français obèse et parasite n’assure plus son devoir régalien de protection du citoyen.

En France, on n’a pas d’emplois…

En voilà une idée qu’elle-est-bonne : donner un micro-crédit (financé par les contribuables, bien entendu) à chaque RMIste pour qu’il crée son emploi ! Autrement dit, ceux qui touchent le RMI car étant pour la plupart incapables de trouver du travail ou d’en créer, ou parce que l’Etat fait tout pour dissuader les employeurs potentiels de les engager, vont, grâce aux micro-crédits miraculeux de l’Association pour le droit à l’initiative économique (smc.adie.org), soudain se transformer en entrepreneurs. Comme dirait Mitterrand, s’il était toujours parmi nous, « on a tout essayé pour résorber le chômage, jusqu’au jour où l’ADIE a eu l’idée du micro-crédit ».

Le libre examen interdit

Il y a quelques mois, une journaliste bien connue avait été nommée directrice de l’information de la chaîne de télévision publique dénommée « France2 ».
Depuis quelques jours, elle aurait été déchargée – temporairement? – de la fonction.

Si on ne s’attarde pas sur l’écume des choses certes abondante et toujours renouvelée présentée à cette occasion, le motif de cette décision est flagrant : la liberté d’expression dans le secteur public de France ne saurait exister, l’interdiction de celle-ci ne saurait être transgressée, la perspective d’un referendum prochain le démontre une fois de plus s’il en était besoin.

Mais cette interdiction qu’on doit dénoncer avec la force qui lui sied car elle interdit le libre examen des téléspectateurs a des conséquences désastreuses qui, elles aussi, doivent être stigmatisées.

En effet, la direction de l’information de France2 avait projeté d’inviter Jose Manuel Barroso, Président de la Commission européenne, à l’émission « 100 minutes pour convaincre » du 21 avril 2005.
Suite à l’annonce par la présidence du groupe « France Télévisions » de l’invitation, Le Figaro du 25 mars 2005 sous le titre « Barroso censuré par Chirac ? » a informé que, suite à une « colère » de Jacques Chirac, l’émission avait été déprogrammée.
Il paraîtrait que, vendredi 25 mars 2005, la tension était à son comble à la direction de la communication du groupe.

Depuis toujours, les chaînes de télévision du secteur public ont été aux ordres tantôt de la majorité politique en place, tantôt des syndicats maison. Mais, d’un moment au suivant, en général, le centre de gravité change : et certains « observateurs » n’hésitent pas à dénommer, contre toute attente, « démocratie » le phénomène.

Ce qui vient d’arriver n’a donc rien d’extraordinaire. Disons que, sur le marché politique, le Président de la République a pris, cette fois, la main et attendons nous à ce que la tension évoquée débouche, à terme, par exemple, sur quelques privilèges nouveaux accordés aux syndicats maison du groupe ou sur une augmentation de la taxe dénommée « redevance de télévision » – le sujet est dans l’air depuis quelques temps – dont ceux-ci tireront profit. Les syndicats auront alors repris la main.

Ce qui apparaît certain, c’est qu’en raison de ce marché politique, le groupe « France Télévisions » n’a pas de clients, mais des redevables. Redevables, nous en sommes les dindons à défaut d’en être les esclaves puisque, contrairement au cas de l’organisation de la sécurité sociale obligatoire, nous ne sommes pas contraints de posséder une télévision ou de consommer les services du groupe.

Mais dans tous les cas, nous supportons un coût d’opportunité et ce coût est croissant étant donné, d’une part, l’essor des nouvelles techniques d’informations et de communications (NTIC) et, d’autre part, la diminution gigantesque des coûts que ces dernières permettent d’atteindre.

Ce qui est donc certain, c’est que, loin de contribuer, comme il le laisse imaginer en permanence, à ce que les entrepreneurs développent toujours plus les NTIC et à permettre ainsi, en particulier, que les plus démunis en tirent parti à cause de prix de plus en plus faibles, le marché politique fait tout son possible pour les entraver, voire pour les empêcher d’aboutir, à défaut de les détruire au vu et au su de tous.