Le nouvel Etat central européen et son émanation principale la Commission de Bruxelles ne seraient rien sans un budget. Un petit budget ? Non, pensez donc, un budget à l’échelle d’un continent…
La Commission propose 336 milliards d’euros pour les régions de l’Union en difficulté
je vous avais prévenu, c’est pas un petit budget… et à quoi va-t-il servir ? à la politique de cohésion bien sûr!
La redéfinition des politiques régionales […] risque de jeter de l’huile sur le feu des négociations budgétaires pour la période 2007-2013. La Commission va proposer d’affecter 336 milliards d’euros, sur sept ans, aux politiques de cohésion, mais le volume et les modalités d’utilisation de cette manne alimentent les divergences entre les différents Etats de l’Union élargie.
De l’huile sur le feu pour la négociation des budgets ? Non, pour les modalités d’utilisation. Tout le monde se FOUT de savoir d’où vient l’argent: c’est le partage du butin qui pose problème!
Afin de réussir l’élargissement, qui va creuser les disparités entre les Etats membres, l’exécutif entend orienter un peu plus des deux tiers des fonds les plus avantageux – ceux de l’Objectif 1 – vers les nouveaux venus : à l’exception de Prague, Bratislava, et Chypre, l’ensemble de leur territoire bénéficiera d’un dispositif qui a contribué ces dernières années au décollage de l’Espagne et au boom irlandais
Et hop au passage c’est grâce à l’UE que l’Espagne et l’Irlande ont de bons résultats, et absolument pas grâce à la liberté toute relative qui règne là -bas… Bien sûr si la Grèce reçoit depuis des années les mêmes sommes et que rien ne se passe, la théorie n’est pas invalidée: c’est juste que la Grèce ne reçoit pas assez.
En revanche, au stade actuel, à en croire les dernières simulations effectuées à Bruxelles, 18 régions pauvres de l’Union, soit 19 millions d’habitants, devraient, dès 2007, sortir par un simple effet statistique des programmes Objectif 1 : en effet, du jour au lendemain, leur produit intérieur brut par habitant ne sera plus inférieur au seuil de 75 % de la moyenne des Vingt-cinq fixé pour bénéficier de ces fonds.
Voilà donc comment étaient répartis ces fonds! De la redistribution vers les plus pauvres pour les aider. Ils ont besoin d’aide politique: des commissions qui rapportent à des observatoires, des subventions pour des entreprises qui partiront quand les subventions seront taries, des entreprises non viables qui ne cherchent pas à se moderniser, etc… Tout ce qu’il faut pour qu’une région reste le nez dedans, car sinon les fonds s’envolent…
J’imagine que dans ces régions personne n’a voté concernant l’élargissement, comme en France et ailleurs: ce n’est pas une affaire du peuple, c’est l’affaire de Bruxelles… Mais Bruxelles a tout prévu:
Ces fonds devront être investis dans la formation, la lutte contre l’exclusion, l’innovation, les grands réseaux, ou la prévention des risques naturels. Au bout du compte, les anciens membres devraient percevoir quelque 48 % des 336 milliards d’euros réclamés par la Commission.
Un partage équitable… moitié/moitié! Ca a tout du deal entre mafias plutôt… et encore il ne satisfait pas tout le monde!
Ces propositions risquent toutefois de susciter de fortes divergences entre les Etats membres, désormais appelés à plancher sur les perspectives budgétaires. Six pays parmi les plus prospères, dont la France, veulent contenir les dépenses à 1 % du produit intérieur brut (PIB), ce qui risque d’avoir un impact sur le volume des politiques de cohésion, alors que l’autre poste incontournable du budget, la politique agricole, est en principe sanctuarisé.
Tiens, le gouvernement français est contre la redistribution maintenant ? Ah non, seulement quand elle ne se fait pas sous son contrôle: il ne faut pas toucher à la PAC, qui bénéficie en très grande partie à qui ? aux agriculteurs français…
Autre paramètre dans la prochaine bataille diplomatique : d’ici à la fin des négociations, au plus tôt à la mi-2005, la prospérité relative de chaque région peut décliner ou s’améliorer. Tandis que les simulations les plus récentes sont effectuées sur la base des années 1999-2001, les décisions seront probablement prises en fonction des chiffres 2001-2003, ce qui pourrait changer al donne pour certaines régions, allemandes notamment.
Le vocabulaire est non ne peut plus évocateur: c’est une bataille dont il s’agit, même si ce sont des négociations. Comme si des vautours négociaient…
Evidemment, tout cela va entraîner d’étranges manipulations statistiques, et certains croisent déjà les doigts pour que la croissance ne soit pas trop vigoureuse: 1% en trop et ce sont des milliards faciles qui s’envolent. Pour avoir moins de croissance j’ai une recette simple: augmenter les impôts, pondre une ou deux lois bien contraignantes en matière d’emploi. Et le tour est joué… votre région reste « pauvre », et vous avez les fonds pour jouer au Père Noël… et à la prochaine élection ceux que vous avez achetés (l’usine qui n’a pas fermé « grâce à vous », le bout d’autoroute qui relie le village X à la ville Y…) vous réélisent.
Machiavélique ? Réaliste: au bal des vampires c’est votre sang que l’on verse.
De la folie pure !
Avec de tels projets, les Suisses voteront NON a l’entree dans l’UE pour encore un bon moment.
Les Allemands etaient jusqu’a present les cochons de payeurs de l’UE. Compte tenu que les payements se font proportionnellement au PIB, c’est facile de voir qui devra payer pour tous les autres si la Suisse rentre dans l’UE. Et c’est aussi facile de voir que tant que ceci sera decide democratiquement, la Suisse n’adherera pas…
j’ai lu dans les Echos il y a 2 jours que 1 euro investi dans l’objectif 1 crée 1.33 euros de PIB. Bon bien sur c’est une statistique est on ne nous dit pas comment elle est calculée : mais l’UE affirme que c’est efficace : ça doit être vrai alors non?
Ce qui est marrant dans le PIB c’est qu’il compte en positif ce qui est en fait négatif, à savoir les dépenses de l’État. Après cette erreur de signe, le PIB ne veut rien dire. Par contre, si les composantes du PIB sont disponibles, on doit pouvoir refaire un calcul plus correct.
Notons que si dans le 1.33 ils comptent la dépense publique comme 1, cela veut dire que le rendement effectif de cette dépense est de 1/3 — soit 2/3 de perdus dans la nuit brune comparé à un investissement privé. Bravo l’État!
Les productions de l’Etat ne sont pas des productions intérieures ?
Amusez-vous à calculer un produit privé brut si vous le souhaitez !
l’Etat « produit » un tas de choses qui seraient mieux produites par d’autres, et le reste de ce qu’il « produit » sont des pertes réelles: douanes, « guerre contre la drogue », et pas mal d’autres choses…
compter dans le PIB des services négatifs sur la base de leur coût ne rime à rien…
On accepte de considérer comme positifs des services ayant été
démocratiquement instaurés. Voilà tout.
ouais donc si demain 51% des gens votent de foutre 49% en prison ce sera bénéfique parce que démocratiquement instauré.
CQFD.