A Monsieur Francis Mer, Ministre de l’Economie
Monsieur le Ministre,
le paragraphe suivant, issu d’un article du Figaro du 31 décembre 2003, m’a rendu furieux:
Francis Mer a craqué. Le ministre de l’Economie dit tout haut, dans un entretien sur Radio classique qui doit être diffusé ce matin, ce dont tous les experts sont convaincus : pour «terminer» la réforme de l’assurance-maladie, une hausse de la CSG n’est pas exclue. «La CSG est un impôt, un prélèvement, et peut-être qu’à la fin des temps, après avoir remis tout en place et tout réorganisé, nous constaterons ensemble qu’il faut boucher un trou supplémentaire,explique le ministre. Ce sera simplement un complément, pour terminer une opération, et non pas la commencer.»
Furieux, car la hausse de la CSG est dépeinte comme étant une fatalité, alors que c’est faux.
Furieux, car le destin de millions de contribuables français est entre les mains de soit-disant « experts », payés grassement avec leurs impôts sans que ces premiers n’aient jamais été consultés démocratiquement sur le sort de la Sécurité Sociale.
Furieux, car vous envisagez d’augmenter la CSG pour « terminer la réforme » de la Sécurité Sociale, alors que vous savez pertinemment qu’il ne s’agit pas d’une « réforme », encore moins d’une solution viable ! Juppé a élargi la CSG en 1995, annonçant que l’élargissement serait « temporaire ». 9 ans plus tard, le gouffre de la Sécu n’a jamais été aussi béant et l’élargissement de la CSG lui est permanent ! Sans doute l’avez vous oublié !
Furieux, car la condamnation d’Alain Juppé ne semble pas vous avoir mis la puce à l’oreille, ni à celle de votre gouvernement : l’époque où l’on « résolvait » les problèmes économiques de notre pays à coups d’augmentations d’impôts est révolue ! Une nouvelle ère s’ouvre durant laquelle les Français jugeront les hommes et femmes politiques à leur capacité à réformer en profondeur notre pays, au lieu de se réfugier derrière des « experts » et ne rien faire !
La CSG est un impôt considéré comme inique, étant donné qu’il se cumule avec d’autres prélèvements et taxes. Pourtant, de par sa nature, plus précisément de par son assiette (toutes les formes de revenu) et sa quôtité, il présente deux avantages indéniables : il est le moins lourd à supporter de tous les impôts directs, et collecte, à proportion égale, presque deux fois plus que l’IRPP (dont la moitié des ménages est exemptée). La fronde syndicale qui accuse la CSG d’appauvrir un peu plus les bas revenus ne me semble motivée que par le fait que cette manne au titre de recouvrement de la dette des caisses de retraite, non « gérée » directement par les « partenaires sociaux ».
La CSG a certes l’inconvénient d’être déclarative, mais quasiment tous les prélèvements le sont déjà . Nous ne devons pas jeter le bébé avec l’eau du bain : La CSG me semble une transition nécessaire vers l’imposition libérale, car nous devrons, même la Réforme engagée, payer la douloureuse de la Sécu. Et la CSG représente à ce jour la transition la moins douloureuse pour nos portefeuille.
Arnold MOREAU