EDF/GDF ou l’Edification par l’Eden

La scène se passe dans un désert torride d’une contrée septentrionale. La dernière victime de la couche d’ozone ultra-libérale capitaliste, une vache commune, gît sur le sol. Un fringant alter-mondialiste, dont on n’aperçoit le visage barbu que furtivement, sort son maillet « Made in France » et plante avec vigueur un tuyau dans la terre arrrride. Il accroche à un bout de son tuyau un robinet, fabriqué par Pont-à-Mousson, et à l’autre bout, une appareil bizarre construit dans les années 60 par une dizaine de polytechniciens travaillant pour Honeywell-Bull. Cette étrange machine est, ô comble de l’énergie non polluante, munie d’un système d’alimentation solaire*. Les années passent et cet Enfer de sable se transforme soudain en Eden verdoyant : ça pousse de partout !

A ce moment-là, une voix issue des tréfonds de l’espace sablonneux s’écrie :

« Parce que les deux tiers de l’humanité n’ont pas d’eau, parce que l’électricité n’est pas une marchandise, par ce que nous voulons créer un monde plus juste, plus solidaire, EDF/GDF… »

Le spectateur médusé, s’étant une minute laissé bercer par ce pastiche de « Fahrenheit », se ressaisit aussitôt. Le message subliminal edéeffun gazdéeffun pénètre ses neurones de robot état-providentiel : « je suis un horrible mécréant capitaliste qui ose prendre un bain une fois par jour alors que d’autres n’ont pas d’eau, » se dit-il en lacérant son dos de coups de Libération. « J’ose payer à prix d’or l’électricité vendue par une certaine entreprise énergétique monopolistique, alors que l’électricité n’est ‘pas une marchandise' », crie-t-il en se tapant la tête avec Le Monde. « Je suis injuste et asolidaire vis-à-vis du restant de l’humanité ! », s’exclame-t-il en se frappant le visage avec L’Humanité. « Honte à moi et grâce soit rendue à EDF/GDF de m’avoir ramené sur le droit chemin ! »

[Mes remerciements chaleureux aux auteurs de la dernière publicité édifiante d’EDF/GDF actuellement sur les écrans.]

*solar-powered