Back from Home

Je suis de retour de voyage à New-York où je viens de passer quelques jours, et une fois n’est pas coutume je voudrais vous faire part de quelques impressions toutes personnelles.

D’abord je dois dire que New-York ce n’est pas une découverte pour moi: en 4 séjours j’y ai passé plus de 3 mois, et même sans connaître très bien la ville j’y suis à l’aise, l’environnement m’est pour ainsi dire « familier ». Le choc je l’ai ressenti à ma première visite, et maintenant je peux regarder la ville avec plus de recul. Voilà donc ce que j’en ai retenu, en quelques paragraphes.

La sécurité
Dès le départ de France, sur une compagnie US, on peut mesurer le changement: les questionnaires restent les mêmes, mais il y a deux personnes dédiées à une fouille aléatoire des bagages. Le politiquement correct doit faire des ravages à ce niveau là : fouiller un arabe = s’exposer à des diatribes anti-racistes, j’imagine…
A New York même la présence policière est constante, mais cela n’est pas nouveau. Et puis personne n’ira s’en plaindre, dans une ville où les homicides ont baissé des 2/3 en 10 ans…
Bien évidemment tous les « landmark » importants font l’objet d’attentions particulières: les abords de City Hall, la Statue de la Liberté, Wall Street… on peut voir des policiers en gilet pare-balles, casqués, M4 ou H&K MP5 en main, bref de véritables para-militaires! Fouilles pour pénétrer certains lieux, avec détecteurs de métaux, X-ray… Agaçant et certainement inefficace, mais il vaut mieux ça que de laisser des failles béantes.
A noter que la Transport Security Administration, créée après le 9/11 pour pourvoir à la sécurité aérienne, est un corps de fonctionnaires: 22.000 dans tous les USA. Voir le Cato Institute, le Québécois Libre, Reason pour des articles sur ce sujet [mà j: voilà un article là -dessus:The Independent]. Lors de mon passage un étudiant de 20 ans venait d’être arrêté pour avoir réussi à introduire à bord de plusieurs avions des box-cutter et autres objets interdits, tout en prévenant la TSA qui n’a lu ses mails que 6 mois après réception…

Ground Zero
Un trou béant de plusieurs centaines de mètres, une tombe à ciel ouvert, le tout en travaux. Etrange. Je pensais prendre conscience de la disparition des tours, lui donner une réalité tangible, en allant constater leur absence. Peine perdue: elles ne sont pas là , mais c’est une anomalie de la réalité que je n’arrive toujours pas à assimiler.
Aucune célébration officielle ici: un immense drapeau US, et c’est tout. Dans l’ex « freest » pays du monde, ce sont encore les marchands qui honorent la mémoire des disparus: vous pouvez acheter des maquettes des tours, des tours en photo, des tours en peinture, des tours sur des casquettes, sur des tshirts… Les disparus ne seront pas oubliés, monument ou pas monument!

les New Yorkais
A part les taxis, ils sont toujours aussi ouverts et accueillants. Pas de regards méfiants, pas de parano apparente. Par contre partout, partout, partout, des drapeaux US flottent: sur des voitures, sur les camions de pompiers, sur les immeubles, mais aussi aux fenêtres de particuliers, au dessus du comptoir du pub, dans le deli du coin…
Que je sois français leur importait peu, ou alors ils ne l’ont pas laissé transparaître. Ceux avec qui j’ai pu discuter ont compris que j’aime la ville et que pour un Français venir à NYC n’est pas neutre (cf paragraphe suivant).

La ville de New York
2 ans après 9/11 j’ai l’impression que la ville s’est bien remise. D’abord il y a le Trump Center à Columbus Circle (coin sud-ouest de Central Park), deux immeubles de 60 étages (à vue de nez!), ensuite j’ai pu voir du côté du Financial District une (ou deux ?) tours en construction, et encore d’autres. Au total il doit bien y avoir 4 ou 5 tours en voie d’achèvement en plus du complexe Trump. Comme il y aura un immeuble de 1776 pieds (515 mètres je crois) à la place du WTC, la ville va encore beaucoup changer et le 9/11 n’a donc en rien entamé l’immobilier ou la volonté de vivre à NYC pour beaucoup. Ici on ne craint pas les terroristes!

Les médias US
Si vous connaissez Ann Coulter, vous savez qu’il y a un « liberal bias ». Et pourtant, quelle diversité d’opinion! D’ailleurs Ann Coulter est quasiment tous les jours en train de débattre sur un sujet ou un autre. D’autre part, la réalité a sa place: personne n’a peur d’énoncer un chiffre, surtout pas le présentateur. Les arguments rationnels aussi, même si il est tellement facile de s’en remettre aux émotions.
Effarant par rapport aux débats gauche-gauche ou gauche-extrême gauche auxquels nous sommes habitués ici. (et non, désolé, mais la « droite » UMP n’est pas libérale du tout, sauf Lelouche et Madelin).

vu de France
Quand mes collègues m’ont demandé quelle était ma destination et que j’ai répondu « New-York », ils (et elles) m’ont regardé avec des yeux effarés. Quoi ? Partir aux USA ? (sous-entendu: ce sont des ennemis). Partir aux US c’est devenu une anomalie visiblement. L’échantillon n’est certainement pas représentatif, je vous l’accorde, mais étant donné ce que je peux lire par ailleurs sur tf1.fr ou les émissions d’auditeurs sur les radios nationales, j’ai l’impression qu’il reflète ce qu’une bonne partie de l’opinion pense… à savoir: les Américains détestent les Français, et être Français aux Etats-Unis = se faire humilier par la police, se faire regarder d’un oeil mauvais par le vendeur de donuts etc… Pff. les Français s’auto-intoxiquent avec leurs fantasmes, et projettent ce qu’ils font (ou feraient) à des Américains sur les Américains eux-mêmes.

Les clichés sur les Américains stupides ont aussi la vie dure, malgré le fait que parmi mes mêmes collègues peu savent écrire une phrase sans faire de faute. Mais bon, peu importe. Laissons tous ces gens répéter inlassablement leurs idioties, en traitant les autres d’imbéciles ils doivent penser être meilleurs. Pourtant c’est bien des US que viennent la majorité des prix Nobel, de la culture, des modes etc… et on s’en rend bien compte quand on y est. C’est un pays décomplexé, ouvert, dynamique. Tout le contraire de la morosité européenne.

Malheureusement le tableau est loin d’être idyllique: les politiciens, certains républicains y compris, donnent dans la social-démocratie à l’européenne, proposent une sécurité sociale à la française, des subventions pour tel ou tel groupe (les agriculteurs par exemple, n’est-ce pas Pdt Bush ?), etc. Mais comparé à l’Europe il y a encore du chemin à faire, et les Américains n’ont pas eu le cerveau lavé comme les Européens, il y a encore de l’espoir…