Le texte de France Alternance a l’immense mérite d’afficher clairement la couleur dès les premières lignes: « (…) Nous mesurons aussi bien les méfaits du socialisme à la française que ceux d’un néolibéralisme débridé, au demeurant peu conforme à nos traditions politiques (…) ». D’entrée de jeu, les rédacteurs de ce texte nous préviennent que s’ils rejettent le socialisme, ils abhorrent tout autant le libéralisme (forcément débridé), tous deux responsables des méfaits mesurés par ces sages.
La politique de la droite unie ne sera donc, qu’on se le tienne pour dit, ni socialiste, ni libérale. Les pages qui suivent, tentant de nous en expliquer les grandes lignes, étant d’une platitude rare, il faut déduire que l’orientation choisie est celle de la fameuse « troisième voie », celle du » « ni-ni », de « l’économie de marché mais pas de la société de marché ». Toute une révolution!
Que la politique (très hypothétiquement) menée par la droite ne soit pas socialiste n’est pas un drame en soi. Il existe pour cela des gens (on les appelle « les socialistes ») qui sont experts en la matière et font cela avec beaucoup de conscience professionnelle (même si la droite n’a pas à rougir de ses compétences en matière d’étatisme et de collectivisme).
Qu’elle ne soit pas libérale est déjà plus ennuyeux car alors, l’ensemble du personnel politique français (Démocratie Libérale compris) se situe dans le camp des anti-libéraux, des opposants plus ou moins durs à la mondialisation et des partisans de la régulation systématique. Il ne s’agit pas d’une révélation stupéfiante, évidemment, mais l’annonce en grande pompe de cette fameuse « Alternance » aurait pu un instant faire croire à l’impensable miracle, la conversion d’une partie de nos dirigeants aux thèses libérales. En lieu et place du miracle, nous n’avons eu droit qu’à la confirmation écrite que l’opposition a toujours été et entend bien rester sociale-démocrate.
Revenons à la triste réalité et tirons de leurs rêveries les plus utopistes qui pourraient même se laisser aller à de folles esperances en faisant le constat suivant: de textes en discours, d’articles en inteview, nos hommes politiques de droite attaquent le socialisme et le libéralisme; or une fois au pouvoir, ils appliquent le premier; d’où cette légitime mais desespérée question: n’y aurait-il donc absolument aucune chance que par quelque erreur ou maladresse de leur part ils en viennent un jour par megarde à appliquer le second? Il est déjà suffisament difficile de déchiffrer le message politique, les intentions de ceux qui le délivrent et d’en prévoir les conséquences pour ne pas inclure dans le problème le hasard, les statistiques, les calculs de probabilité et la science divinatoire.
La seule alternance qui s’impose est celle qui ferait succeder à notre société dominée par le monde politique, asphyxiée par la législation qu’il engendre, écrasée par le pouvoir de son administration et de ses protégés, une société fondée sur la liberté individuelle, la responsabilité et la propriété, valeurs-piliers du libéralisme… malheureusement « peu conformes aux traditions » de nos hommes politiques.
S’il est une hypothèse qui se transforme de plus en plus en certitude, c’est que la franche alternance, quand elle surviendra enfin, ne sera pas de leur initiative…