Planète Terre

Imaginez un panneau d’autobus de forme rectangulaire, se profilant sur un ciel bleu azuré, sur lequel apparaîtrait la destination de rêve « PLANETE BUS ». En dessous de cette vision onirique, imaginez un texte poétique énumérant les vertus de cette entité céleste qu’est la RATP :

« – Les transport en commun gérés par la RATP, assurent 25 % des déplacements motorisés en Ile-de-France pour 3,6 % de l’énergie consommée en occupant seulement 4 % de la voirie.

– Le métro, le tram et le RER, consomment 7 fois moins d’énergie par voyageur transporté que la voiture

– Les 4000 bus de la RATP ne représentent que 2 % des émissions polluantes du trafic routier en Ile-de-France.

_ En 2004, les 4000 bus de la RATP vont constituer la flotte de « Bus écologiques » d’Europe

Les premiers engagements de la RATP : 1999, signature de la Charte des Entreprises Publiques pour le Développement Durable. 2003, signature de la charte UITP du Développement Durable (Union Internationale des Transports Publics). Adhésion de la RATP au Global Compact : Pacte Mondial des Nations Unies autour des 9 principes universels relatifs aux Droits de l’Homme, aux normes du travail et de l’environnement. »

Imaginez ensuite, en lettre de feu, cette proclamation

« DEPUIS DE NOMBREUSES ANNEES, LA RATP S’EST FORTEMENT ENGAGEE EN FAVEUR DU DEVELOPPEMENT DURABLE PARCE QU’ENSEMBLE NOUS POUVONS FAIRE BEAUCOUP POUR LA PLANETE. »

Vous venez juste de lire la nouvelle annonce publicitaire de la RATP, publiée actuellement en pleine page dans le Figaro.

De prime abord, on ne peut que se féliciter des accomplissements exemplaires en manière de protection de l’environnement de cette entreprise-phare de l’écologiquement-correct qu’est la RATP. Cela correspond tout à fait aux grands desseins de nos hommes et femmes politiques en terme d’écologie.

Cependant, après quelques moments de réflexion, on finit par trouver tout cela bien ennuyeux : le panneau, la destination, le ciel bleuté, la liste des accomplissements exemplaires, les engagements solennels et la proclamation racoleuse. On se croirait à la distribution des prix d’un élève de sixième dans les années 60. On préférerait plutôt une annonce publicitaire dans le style de celle d’une techno-parade « trash », affichant par exemple des photos de

– milliers de transiliens furieux, stressés et serrés comme des sardines dans des rames de métro bondées au mouvement limité pendant des « mouvements sociaux »

– centaines de kilomètres d’embouteillages de voitures au touche-à-touche par un temps de cochon et un froid de bête, sur les grands axes routier menant à la « Kapitale »

– directeurs au bord du dépôt de bilan, du suicide, et de leur fenêtre, attendant désespérément l’arrivée de leurs employés coincés dans lesdits embouteillages

– des millions de contribuables normands, bourguignons, alsaciens, …, en costume régional, maudissant les milliards de déficits annuels qu’ils sont obligés d’éponger chaque année pour faire vivre quelques milliers d’employés de la RATP en région parisienne et financer leur comité d’entreprise

– animaux volants, nageants, rampants, … mourant sous les effets des rayons radio-actifs de l’uranium utilisé pour produire l’énergie « propre » qui permet aux trains de la RATP de se mouvoir entre deux grèves

– agents de la RATP brandissant fièrement leurs diplômes de développement durable, de respect des droits de l’homme, et de respect des normes du travail, tout en repoussant d’un bras d’airain les usagers à genoux les suppliant d’assurer un « service minimum »

Ca, ça en jetterait.