Après quelques palabres, voilà que l’allocation jeune, le RMI jeune, bref l’argent qui tombe du ciel dans la poche des moins de 25 ans, ressort des placards. La mesure devrait permettre une meilleure insertion dans le monde du travail (sic), et sortir de la pauvreté les jeunes. L’allocation devrait aussi ouvrir de nouvelles perspectives aux jeunes: ils seront dorénavant plus autonomes. Enfin un projet socialiste qui va bénéficier de mon soutien! C’est bien connu, les jeunes votent moins que leurs aînés. Pour les faire revenir à la politique, les tentatives ont été nombreuses: en 93 on se souvient du questionnaire-jeunes de Balladur, après son fiasco de son SMIC-jeune, moins élevé que le SMIC « vieux ». En 95 Chirac avait su mobiliser une partie de la jeunesse avec une campagne axée social/libéral, pour ne perdre personne, tandis que Jospin se perdait dans un discours trop gauchiste.
Puis avec la méforme de Chirac, largement dûe à son incompétence dans le choix de son Premier Ministre Alain Juppé, personnage hautement antipathique, Jospin est revenu sur le devant de la scène. Il a compris la leçon de son échec de 95 et le discours « emplois jeunes » lui vaudra le soutien de nombreux jeunes, et moins jeunes.
Mais aujourd’hui il perd du terrain… car les emplois jeunes arrivent à terme l’année prochaine d’abord, parce que cette génération de jeunes a vieilli aussi: il faut donc trouver un nouveau ressort. Et il est prêt: dans son arsenal on trouve (roulements de tambours): l’allocation autonomie.
Le Conseil Economique et Social (CES) a donc été saisi de ce « problème » des jeunes, et la solution est trouvée. A la limite, j’aurais pu moi même donner les recommandations que préconise ce conseil: comme toutes les institutions gouvernementales, elle ne propose que des solutions étatistes: subventions, allocation, règlementation. En dehors de l’Etat, point de salut! Le CES a donc demandé au président de l’UNAF (Union Nationale des Associations Familiales) de « proposer un avis » sur le thème « Famille et insertion économique et sociale des jeunes de 18 à 25 ans ».
Dois je rappeler qu’en France le mouvement associatif est noyautée, pourri de l’intérieur par le financement de l’Etat ? Bien sûr, tous ceux qui ont une association ne sont pa subventionnés, loin s’en faut: 5% des associations touchent 95% des subventions comme l’avait montré un rapport en 1999. Mais il n’en reste pas moins que les plus importantes socialement et politiquement sont des organismes para-étatiques. Dès lors les recommandations du représentant de la société civile n’ont rien d’étonnantes.
Le constat de base est que les jeunes poursuivent leurs études le plus longtemps possible, et que celles-ci profitent très nettement aux plus aisés d’entre eux, puisque « 72% des enfants de cadre ont un niveau d’enseignement supérieur, tandis que 31% de ceux qui n’ont pas le brevet sont issus de familles ouvrières ou employées non qualifiées », D’autre part, les jeunes actifs sont à 80% en contrat temporaire, et à 13% en temps partiel. Rajoutez comme hypothèses que « l’emploi stable demeure le premier facteur d’insertion« , et qu’il faut « dire non à un SMIC jeune », il va falloir subventionner. On avait les retraités, maintenant on aura les prétravailleurs!
Que peut on déduire de ces quelques lignes ?
Le gouvernement Jospin cherche de nouveaux électeurs, c’est indéniable: les jeunes sont des cibles faciles, acquises à la gauche après 20 ans d’Education Nationale et bientôt citoyenne. Ils ne votent pas assez, peut être parce que justement leurs profs sont plus à gauche que Jospin, il va donc falloir les acheter. Le prétexte trouvé ici est parfaitement fallacieux, et nul doute qu’il aboutira à des effets totalement contraires aux objectifs annoncés: pourquoi chercher du travail quand on est payé à rien faire ? Pourquoi chercher un travail stable, si on a juste besoin d’un appoint temporaire ? Pourquoi vouloir sortir du cocon familial si on en plus d’être nourri logé on gagne tous les mois au Loto ? Et pour les parents ? Comment renforcer les liens si la famille n’existe plus, même sur le plan de l’entraide nécessaire entre parents ? Bref, loin d’arriver aux objectifs annoncés, ce projet va au contraire provoquer des catastrophes.
Le plus gros mensonge concerne tout de même le terme autonomie: comme dans toute prestation versée par l’Etat, la personne qui la reçoit devient dépendante de l’Etat. You don’t bite the hand that feeds, don’t you ?
Pour information, le montant proposé de l’allocation atteindrait 2000FF dans la proposition actuelle, cumulable avec un emploi ne dépassant pas 55% du SMIC (environ 5600FF net). Ce qui d’ailleurs condamnerait le SMIC pour les jeunes puisque travailler à mi temps, avec 55% du SMIC (soit 3000FF) + 2000 d’allocation, et on voit que le jeune toucherait 5000FF…. Comment dans ces conditions motiver un jeune pour qu’il cherche un emploi stable et à temps plein ? Contradictroire, n’est ce pas ?
Bien sûr, tout cela a un coût, entre 29 et 36 milliards de francs par an selon le CES. Et encore, en oubliant les coûts de gestion des impôts qu’il faudra prélever pour ça! Ce projet devrait donc détruire des milliers d’emplois en taxes, et dissuader des milliers de jeunes de chercher un quelconque travail. Bravo l’efficacité socialiste: d’une pierre, pleins de coups: l’effet boule de neige, la loi des calamités comme l’appelle Michel de Poncins. On crée des chômeurs, on dissuade de travailler, on détruit la famille, on crée une clientèle. Bravo Mr Jospin, c’est avec ce genre de projets que vous serez élu et réélu.