Totalitarisme light et hard

Je passais sur le site du Monde pour y lire les nouvelles à la sauce française, quand je suis tombé sur un titre accrocheur: « M. Delanoë : « L’extrême gauche conduit à l’impuissance »« .

Delanöé est mesuré concernant le rapprochement avec les « altermondialistes » et autres mouvances communistes, attacistes, et révolutionnaires collectivistes. En effet, il affirme:
« Je n’ai rien contre les intentions des militants et de certains des dirigeants de l’extrême gauche. Mais il se trouve que, dans l’histoire, l’extrême gauche n’a conduit qu’à l’impuissance ou au totalitarisme. »

Il y a deux problèmes dans cette déclaration:
1/ il n’a rien « contre les intentions des militants et de certains des dirigeants de l’extrême gauche »
2/ et le second: l’extrême gauche n’a conduit qu’à l’impuissance ou au totalitarisme

les intentions de ce qu’il appelle l’extrême gauche, et que j’appellerais plutôt le collectivisme intransigeant (comparé à la social-démocratie, esclavagisme « light », version PS/UMP), sont fondamentalement mauvaises.
Ils veulent, ni plus ni moins, empêcher le reste du monde soit de commercer tranquillement, soit tout simplement nous forcer à travailler pour leur bénéfice: ce sont des esclavagistes sous couvert de bons sentiments, quand il en reste tellement leur mépris pour une bonne partie de la population est évident.
Bien sûr, le fait que les 9/10ème de ces mouvements de collectivistes intransigeants aient soutenu des régimes criminels ou des mouvements terroristes ne semble pas gêner Bertrand Delanöé outre mesure.

Sur le second point, il s’agit tout simplement de corriger l’affirmation de Delanöé: l’extrême-gauche conduit toujours au totalitarisme. Ca découle des préceptes de base: il y a des gens qui savent mieux que d’autres quoi faire avec les ressources disponibles, qu’elles soient humaines ou matérielles, avec le patrimoine accumulé (capital) etc. Avec suffisamment d’informations, elles pourront faire mieux que le marché, optimiser la société, la production etc. Là-dedans, pas la place pour les individus de faire ce qu’ils veulent. Si le Super Leader a décidé, comme il est plus intelligent que tout le monde, l’individu doit se la fermer. En parallèle, si la politique du Super Leader n’atteint pas les résultats escomptés, c’est parce qu’il n’a pas assez d’informations: il faut donc enfoncer plus profondément les sondes dans le « corps social ». Si des « cellules » résistent, c’est qu’elles sont cancéreuses et donc doivent être éliminées.

Historiquement, il n’y a pas un seul régime communiste qui n’ait sombré dans l’abîme, non, pas un seul de ces pays n’a échappé au Soleil Noir. Vous les connaissez presque tous, même si vous oubliez certainement au passage que le collectivisme n’a pas eu que des « extrêmes » comme le Cambodge, l’URSS ou la Chine communiste: l’Algérie (le FLN), l’Argentine (Péron), le Chili en a été sauvé de justesse (par Pinochet) et beaucoup de pays d’Afrique Noire ont eu droit à diverses versions, plus ou moins softs du socialisme. Tous ces pays ont aussi eu droit à leur lot de (au choix, ou tout à la fois): famines, guerres civiles, répressions, crises économiques, meurtres d’opposants, et ne parlons pas d’exécutions sommaires, de massacres organisés à grande échelle, ou de racisme ethnique institutionnalisé.

Mais même la version esclavagisme light conduit au totalitarisme light: enseignement obligatoire dans des écoles d’Etat, juges formés dans une école d’Etat unique, profs/instits formés par l’Etat dans des écoles d’Etat, police d’Etat, armes sous contrôle strict (pour les honnêtes citoyens), « conscientisation », « sensibilisation », et surtout déresponsabilisation (d’où l’atomisation sociale) des individus. J’ai souvent entendu dire que la liberté est un continuum: et la social-démocratie glisse tout doucement vers le totalitarisme, par les mécanismes que j’ai décrit: « manque d’information », « manque de contrôle », « individus récalcitrants », tout y est pour donner prétexte à plus d’interventions.

Les « sociaux-libéraux » ont fait un pas marketing dans la bonne direction, mais gardent la même orientation finale (en fait ils reconnaissent qu’avec un marché il y a plus à taxer donc ils préferent un marché qu’un soviet planificateur pour le taxer). Et si ils regadent vers leurs amis collectivistes, autant dire que leur positionnement est pour le moins bancal. Ils ont au moins l’avantage de reconnaître, comme l’a fait Delanöé, que les solutions de leurs alliés sont suicidaires. Si Delanöé pouvait en toucher un mot à Chirac… ps: je lis le livre de Monique Canto Sperber, les règles de la liberté, qui est un cauchemar intellectuel: une vraie bouillie pour chat, elle ne semble maîtriser aucun concept et surtout elle change tout le temps le sens des termes (notamment le mot « libéral ») ce qui au final rend le livre quasi-illisible!
Ce livre n’est ni plus ni moins qu’une tentative de « hijacking » du libéralisme, une vampirisation.