Affirmative action

La prestigieuse école de Sciences Politiques de Paris (IEP Paris) a décidé que la mixité sociale se pratiquerait même à Sciences Po. Fini les 80% d’élèves issus de milieu « favorisé »: il y aura 15% de hors concours admis sur entretien! La décision de Mr Descoings, directeur de l’IEP Paris a de quoi surprendre: l’école a passé des partenariats avec certains lycées d’Ile de France et de Nancy (7 au total), qui vont exempter des « jeunes » issus de ces établissements à entrer sans concours à l’IEP.
L’IEP Paris est comme toute les Grandes Ecoles françaises, on n’y entre qu’en montrant patte blanche, après avoir passé des concours difficiles, ou après des années de « prépas », sortes de camps de travail forcé.

Exempter de concours des personnes au motif qu’elles vont dans tel ou tel lycée est donc bien arbitraire…. D’ailleurs pourquoi ce lycée plutôt qu’un autre ? Il en existe partout des lycées mal famés!
Mais l’arbitraire de la décision de Mr Descoings est recherché: il réalise par ce geste « un acte social, politique et moral ». Oui c’est un acte politique. Par contre c’est parfaitement antisocial et amoral. Les critères de sélection sur concours réalisent un tri en fonction de critères pertinents: la capacité à résoudre des problèmes complexes, à travailler rapidement, à mémoriser un grand nombre d’informations et les réutiliser de manière adéquate, vérifier qu’une personne peut subir un stress et le surmonter.
Les critères nouveaux mis en place n’auront pas cette pertinence. Les 15% hors concours passeront « un entretien de motivation très exigeant ». Mais pour les admettre à cet oral, il leur faudra d’abord répondre à certains critères « sociaux et non plus académiques ».
Comme le souligne le journaliste de l’Express « une sorte de quota humanitaire ».

Pourquoi commettre cet acte injuste envers tous ceux qui se sont épuisés au travail, et qui verront leurs efforts ruinés parce que 15% des places auparavant accessibles ne le seront plus ? « Tout le monde admet que les grandes écoles reproduisent les inégalités sociales, mais personne ne fait rien! » dixit Mr Descoings. Il veut donc ouvrir son école aux « défavorisés » (par qui sont ils défavorisés ?). Le premier risque dans cette aventure, c’est que l’IEP Paris produise deux classes différentes d’élèves: ceux qui auront suivi un parcours exigeant et les autres. Peu importe si ceux qui sont entrés par le quota sont de bons élèves, révèlent des capacités fortes: ils risquent de se voir fermer bien des portes de ce simple fait. Les autres élèves pourraient aussi bien leur mener une guerilla… Ou encore l’école pourrait perdre de son prestige actuel!
Hormis le destin de cette école, qui finalment ne nous concerne que peu, il faut considérer ce problème des 80% d’élèves issus de « milieux favorisés ». Il est parfaitement normal que dans un système comme celui pratiqué en France on retrouve les mêmes aux mêmes endroits génération après génération.
La qualité de l’Education Nationale ne permet pas à ceux qui ne sont pas structurés de se former des schémas de pensée cohérents, de réfléchir, de travailler. Ce ne sont pas les parents qui peuvent structurer leurs enfants souvent, car eux mêmes sont hors du coup (chômeurs, smicards, rmistes). Dans ce contexte, seuls ceux dont la famille a assuré une réelle éducation, a permis un développement normal de l’enfant, ont toutes leurs chances.
Le système éducatif français gratuit favorise d’autant plus les plus riches qu’il est gratuit d’ailleurs! Il faut d’ailleurs noter que si 20% des 4 plus prestigieuses écoles de France venaient de milieu défavorisé, c’est maintenant 9% seulement! (et encore, reste à voir comment sont calculés ces pourcentages!).

La discrimination positive en France est ouverte désormais, et si elle est critiquée pour Sciences Po, son directeur note que « je ne fais que reproduire que le système discriminatoire des ZEP » (zone où les écoles disposent de plus de budget, de professeurs etc…). Pauvre homme, il ne sait pas que quand il ouvre ainsi l’IEP et qu’il ouvre le débat sur la discrimination positive dans les grandes écoles il menace les fils de ministre et ceux des journalistes ? Car ceux-ci font partie des 80% issus de milieu favorisé….