Terrorisme pâtissier

Chevènement a retrouvé son entarteur devant un tribunal le 20 septembre. Le champion de la citoyenneté voulait donner une leçon citoyenne, Noël Godin l’entarteur a trouvé une tribune pour exposer sa philosophie. Peut-on vraiment donner tort à ce moraliste: «  »Jean-Pierre Chevènement est la tête à tarte par excellence », explique doctement M. Godin, sous les rires d’un public gagné à sa cause. « Voilà trente-deux ans que j’ai entrepris une croisade pâtissière contre des personnalités se prenant très au sérieux. L’attentat pâtissier est une sorte de matérialisation de la lettre d’insulte, avec des mots qui sauteraient à la figure et dégoulineraient dans le cou »
Certes, on ne peut pas donner raison à Godin pour ce qui est du passage à l’acte. Il y a tout de même agression, même bénigne.
Mais la question a été posée: une tarte à la crème peut-elle entrer dans la catégorie des « armes par destination », même « symboliques » ? Est-elle susceptible de causer un préjudice physique ? Non, affirme l’entarteur en précisant que l’épaisseur de crème fouettée « formant coussin » est justement destinée à ne pas blesser. « Il n’est question que de faire bobo à l’ego exacerbé de nos victimes », se défend-il.

Si l’entartage des politiciens qui se prennent pour des demi-dieux indispensables était une façon douce et symbolique de rétablir la tradition antique grecque de l’ostracisme la classe politique serait vidée très rapidement. Il est tellement vrai que les politiciens créent les problèmes qu’ils se proposent ensuite de résoudre, qu’on doit poser la question de leur utilité.