La liberté d’expression recule chaque jour un peu plus en France.
La loi interdisant de contester le génocide arménien en est la dernière illustration (il s’agit en fait d’une loi visant à interdire la négation de tout génocide… reconnu par la loi, mais en pratique, c’est le génocide arménien qui est concerné).
Certes, personnellement, l’idée de nier le génocide arménien ne me tente guère, je crois au contraire nécessaire de le connaître et le faire connaître, mais nul besoin de loi pour cela.
Si le gouvernement turc est mécontent, ce n’est peut-être pas pour les mêmes raisons que moi, mais fondamentalement sa contestation est recevable: on n’a pas besoin de bons motifs pour contester une loi liberticide.
En revanche, les mesures de rétorsion qu’il prend risquent à leur tour d’être liberticides.
Si des membres de ce gouvernement, cherchant des représailles intelligentes, me lisent, je leur suggère celle-ci, qui sera peut-être moins liberticide que d’autres: faire voter une loi (turque, donc), interdisant la contestation du génocide vendéen (1793-94) par les armées de la Première République Française.
Les Français, petits et grands, apprendraient enfin de quel ventre est véritablement sortie la bête immonde et pourraient aussi se poser la question de savoir si ce ventre est encore fécond.
La question du génocide vendéen peut faire l’objet de discours intellectuels où chacun brille par ses arguments.
Pour moi c’est plus profond. La révolution, dans le temps, est toute proche. Mes grand’pères sont nés avant 1870 et ce qu’ils racontaient, ils l’avaient entendu de parents ou voisins qui, eux, avaient vécu cette révolution. Ma mère me disait que si l’on creusait auprès de telle haie on trouverait des os. Quand, en 1989, on a fêté les 200 ans de cette révolution, une de mes tantes en était toute malheuruse : fêter cela après tous les masacres commis. Tout enfant on me parlait de cette révolution et je ne suis pas le seul. Ce serait bien qu’on reconnaisse ce qui s’est passé.