Agriculteurs et saisonniers

Après avoir laminé les espoirs d’un tas de gens de trouver un petit job temporaire, même mal payé, voilà que les conséquences s’en font ressentir chez les employeurs des saisonniers.
Pas de bol, pour une fois c’est une clientèle très importante qui est lésée: les agriculteurs! Il existe depuis des milliers d’années une période pendant laquelle toute l’activité humaine de par le monde est dirigée vers un seul but: la période des moissons. Les cycles naturels et l’agriculture existent depuis, allez, au moins 7.000 ans avant Jésus-Christ. Ce sont là deux faits que seuls les pires ignorants de la terre ne connaissent pas. Ces ignorants, ont les a trouvés, ils existent: ce sont les hommes politiques français.

Comment ils ignorent que les récoltes ont lieu ? Oh que non, ils le savent, ils ont du l’apprendre, après tout, l’ENA enseigne *TOUT* (et le contraire de tout j’imagine, pour respecter le politiquement correct). Ce que n’enseigne pas l’ENA c’est que pour récolter 1T de raisin il faut x travailleurs, et que ce n’est pas rentable si les travailleurs sont payés au-dessus d’un certain seuil etc… Dans sa vision parfaitement surréaliste du monde, l’enarque doit totalement ignorer que dans les chiffres mirifiques qu’il voit défiler, il y a de la sueur, des heures de travail, des investissements… bref, des hommes et des risques.

Alors les énarques parisiens ont décrété que les agriculteurs abusaient de la main-d’oeuvre saisonnière. Selon leurs critères à eux, elle est mal payée. Selon les critères de ces prolétaires il n’en était rien puisqu’ils acceptaient ce travail, d’ailleurs les saisonniers se déplacent tous pour le faire, car les vignes et les vergers ne sont toujours pas mobiles, malgré les OGM.
Selon les critères étatiques, le travail est dégradant aussi. Quel manque de politiquement correct tout de même, insinuer qu’il peut y avoir des travaux préférables à d’autres!

Avec toutes les mesures gouvernementales en faveur des chômeurs, des RMIstes, l’incitation à travailler devient réellement extrêmement mince, et depuis 2 ans les agriculteurs ne trouvent donc plus de bras pour ramasser les pommes les poires les abricots etc… Et puis il y a aussi les équipes du ministère de l’emploi (sic) et de la solidarité (re sic): si elles vous prennent avec des ouvriers au « black », hors circuit officiel, vous aurez beau récolter, cela suffira à couvrir vos amendes tout au plus. Voilà donc où est passé l’argent des charges sociales que payent les employeurs: à payer les salaires des empêcheurs de travailler.
Bien sûr la croissance économique pose problème: ceux qui venaient là pour arrondir une fin de mois difficile retrouvent des emplois plus stables, du moins certains, car il y avait beaucoup d’étudiants pour faire ces jobs. Maintenant les volontaires sont rares et préfèrent faire la fête!

Les agriculteurs faisaient déja appel aux espagnols et portugais pour palier au manque de bras, mais voilà que les conditions de travail se sont tellement dégradées qu’ils ne viennent plus. Il faut dire que les pouvoirs publics pleuraient sur le sort des personnes hébergées à peu de frais sur les exploitations: obligées de dormir dans des dortoirs, dans de petites chambres, bref des conditions précaires. Mais il faut le 3 étoile pour tout le monde! Alors héberger les saisonniers est devenu trop cher. Et l’hébergement est laissé à la charge de l’employé, réduisant encore le salaire net. Et du coup limite littéralement la recherche de main-d’oeuvre au plan local, car les saisonniers n’auront pas de coûts de logements.

Puisqu’il y a tout de même des récoltes à faire, des pratiques plus ou moins mafieuses se développent: après avoir rendu le travail illégal, il devient forcément l’objet de pratiques plus ou moins fumeuses. Ainsi de bien étranges agences peuvent vous fournir sans sourciller votre équipe, toute composée de Maghrébins, clandestins ou légaux, on ne sait, pas, mais les exploitants préfèrent ignorer. Seul le prestataire, chef d’équipe est payé. A lui ensuite de verser les salaires. Mystère sur ce que gagnent les travailleurs réellement. Quid aussi des charges que prétend toucher l’état ?

Vous pensez que la haine du travail pousse ainsi les socialistes à l’interdire ? Peut-être, mais ils utilisent des caches-sexe bien plus politiquement défendables. Nos grands rédempteurs, eux qui sont au-dessus de toute polémique ou voyage d’avion payé en liquide, ont décidé rien de moins que de moraliser. Je sais, cela fait sourire. Mais c’est vraiment l’argumentaire employé!

Pourtant au rythme actuel, les saisonniers pourraient bien réellement disparaître… d’autant plus que l’Etat demande la « transparence », pour mieux taxer sans doute ? Et les exploitants réduisent déja les surfaces, devront-ils fermer ?