La guerre contre le terrorisme, aussi justifiée qu’elle soit, risque d’engendrer une régressionde notre civilisation de la liberté car « justice infinie » c’est aussi « Etat infini ».
Ayons donc pour slogan: « justice ET liberté sans limite » Cette régression prendra l’apparence d’une victoire de la démocratie. Du moins si l’on se fixe comme seul objectif politique l’éradication du fascime islamiste. Et si on lui sacrifie la lutte contre l’atteinte aux droits de la personne humaine en Occident. Car si l’on restreint durablement les libertés et les droits de propriété, si le vol légal de l’impôt s’intensifie, si l’Etat en profite pour accroître son pouvoir et contrôler les individus, alors notre civilisation aura régressé. Et c’est bien ce qui se profile à l’horizon.
Pour libérer des peuples contre l’oppression des talibans, et des islamistes au Soudan ou ailleurs, combat légitime bien-sûr, quelles violations du Droit serons-nous prêts à accepter ? Pour punir et éradiquer le mal, quels maux serons-nous prêts à accepter chez nous ? Quel profit l’Etat va-t-il tirer de cette guerre? On n’ose poser la question. C’est indécent, alors que les victimes crient justice. Et pourtant, on peut compter sur les hommes de l’Etat pour étendre leur pouvoir par tous les moyens. Leur logique inconsciente est implacable: il faut sacrifier quelques libertés « secondaires » pour survivre. Voilà ce qui s’appelle une régression.
On me répondra que nous n’y pouvons rien si nous avons été agressés. Si la démocratie est menacée, il faut répliquer. Logique implacable. Mais, vous ne trouvez pas curieux que les hommes de l’Etat ne parlent jamais du prix à payer par les individus, qui sont les vraies victimes? Cette fusion entre l’Etat et le peuple dure un temps, et pendant ce temps l’Etat accapare le pouvoir et ne le rend plus. Je ne m’étonne donc pas que les politiciens ne parlent pas de la facture que paiera « la civilisation ». Il y a comme une mystification dans l’idée que nos Etats vont nous protéger contre la barbarie. En réalité, aussi sincères qu’ils soient, c’est l’Etat qui sera gagnant, pas la « civilisation », qui elle régressera. On entend déjà parler de « »nouvel ordre politique mondial », bref d’un Etat mondial « civilisé ». Un sorte de machine à fabriquer des conflits et des guerres nous sera servie pour garantir la paix. Beau temps pour les étatistes. Régression pour la liberté.
Les ruses de l’Histoire, je finis par y croire. L’Etat rationnel, mondial, Idée hégélienne, voilà ce que nos marionnettes politiques nous préparent en se battant pour la démocratie au lieu de se battre pour la liberté. S’ils y comprenaient quelque chose à la liberté ils auraient commencé par la respecter chez nous.
Alors, la guerre contre le terrorisme, oui, mais pas pour qu’advienne une démocratie-sociale mondiale. L’Etat mondial, c’est la guerre. Et je subodore que pour certains il s’agit simplement de préférer une guerre à une autre. Je dis quant à moi que la guerre contre les agresseurs terroristes doit se mener avec le slogan: « justice et liberté sans limite ».
Notre objectif est-il d’aller vers une « civilisation de la liberté » ou d’accomplir « une justice infinie » au prix dun « Etat infini »?