Pourquoi autoriser la liberté, puisque celle-ci peut conduire à la mort ?
«Certaines associations ont contesté cette proposition mais les personnes de terrain, elles, comprennent parfaitement ce que j’ai voulu dire», a affirmé la ministre […] Et d’affirmer: «les choses vont avancer et que le débat va se pacifier», car «personne ne peut défendre raisonnablement, pacifiquement, une liberté qui conduise à la mort».
Raisonnement valable pour:
- la cigarette (évident)
- les frites et la mayonnaise
- l’usage de n’importe quel moyen de transport (y compris à pied)
- le chauffage (monoxyde de carbone)
- tout loisir en altitude
- tout loisir nautique
- et j’en passe…
Cette fois, c’est Christine Boutin propose d’envoyer les clochards SDF dans des centres, de force:
«C’est ce qui s’est passé pour les deux derniers morts SDF, deux hommes visités par des équipes qui leur avaient proposé un hébergement: l’une est morte le lendemain, la deuxième quatre jours plus tard. Est-ce que c’est ce que voulons ? Dans un pays comme la France, 5e puissance mondiale, laisser mourir des gens au motif de leur liberté dont je ne suis pas certaine qu’ils peuvent l’exercer?», a-t-elle insisté.
La 5ème puissance mondiale ne peut pas tolérer que la liberté puisse conduire à la mort. Elle doit donc utiliser sa puissance pour restreindre la liberté, d’abord des plus faibles comme les clochards SDF et puis par touches successives celle de tous les autres. Et vous aurez bientôt des détecteurs de fumée obligatoires, des détecteurs de monoxyde de carbone, des bilans « amiante », des airbags, et je ne sais quoi encore pour vous protéger partout, tout le temps. Interdisons vite la liberté, pour qu’elle cesse son flot incessant de victimes.
Je suis bien d’accord. Il se trouve que le concept philosophique de Liberté a été repris puis déformé depuis la Révolution. Son meilleur réquisiteur a été Napoléon, lorsqu’il pris les reines du pays après Robespierre. Pendant ce temps, les Allemands se battaient avec le concept en se demandant comment tout faire rentrer dans la marmite Etat-Religion-Transcendance-Existence etc… (relire Kant).
De nos jours c’est devenu une simple clause de contrat. Je suis libre de travailler comme un bourrin mais pas de ne pas consommer. Evidemment dans le cadre des libertés individuelles et dans un pays de latins, il fatu parfois forcer un peu la main. Ainsi, plus personne ne gueule contre la loi Evrin et on est tous contents de pouvoir respirer, après la vague de cancers qui ont déférlé dans les 70’s, même les fumeurs comprennent que c’est pour leur bien.
Pour les SDF, le cas se corse. En fait veulent-ils vivre, i.e. comme en nous en société ? Si oui, ils doivent se plier aux règles. SInon, ils sont vraiment libres (comme de crever) pour le coup. Considérer les SDF comme en-dedans de la société tout en les exonérant de leur statut de citoyens avec des droits mais aussi des OBLIGATIONS est une hérésie, d’ou le conflit lorqu’une catho dégénérée s’imagine qi’il suffit de prouver qu’ils survivront en centres pour les forcer à y aller. Mais il s’agit de faire du social politique, une fois de plus. En Asie on les aurait dégagés depuis longtemps… (j’espère que mon ton lapidaire ne choque personne).
» De nos jours c’est devenu une simple clause de contrat. Je suis libre de travailler comme un bourrin mais pas de ne pas consommer. »
Ca, ça ne vient pas de léconomie mais de la morale. Quelle morale veut faire consommer tout le monde le plus possible ? La morale de droite ou la morale de gauche ? Stakhanov, ça vous dit quelque chose ?
» Je suis libre de travailler comme un bourrin. »
Absolument. Mais quand même, vous avouerez que dans ce pays on a – encore – le droit de travailler à temps partiel.
Cher Chevalier,
Comme j’ai un peu de lag au boulot, et que je suis aussi libre de ne pas travailler comme un bourrin, je vous réponds.
Oui, j’avoue, on a encore le droit du temps partiel. Et c’est tant mieux. On peut même y être plus efficace. Je me demande même si ce n’est pas une amélioration déguisée du concept des 35h. Enfin bref.
Pour revenir à Stakhanov, je ne crois pas que la morale intervienne là -dedans. Donc pour moi elle n’est ni de droite ni de gauche mais communiste, au sens plein et noble du terme : vas-y bosse c’est moral coco, y a le petit père des peuples qui te regarde. Mais on s’éloigne, j’essayais juste de trouver une comparaison pour signifier le mot de Kant : « la liberté d’un tournebroche » : on peut aller dans un sens ou dans l’autre mais de toutes façons : on tourne pour que ca cuise, point. Donc si je travaille comme une brute (beaucoup moins ces derniers temps je vous rassure, la crise a du bon dans certains secteurs comme le conseil informatique : moins de projets, moins de pression) je le fais en fait pour un pouvoir d’achat, bref pour un but. Les SDF ne s’inscrivent dans aucun but (c’est leur spécificité). Donc quand on leur offre un endroit chaud et sec (je n’ai pas dit propre et sain, hein), la controverse sur leur pseudo-liberté me parait un peu stupide voire hérétique.
Et je rejoins Hervé là -dessus ; je suis pour le principe de responsabilisation, pas pour la misère, et pas tant que pour ça pour Stakhanov, je ne travaille plus pour la gloire désormais, je me suis rabattu sur les sous, comme un bon gars. En fait j’ai volontairement choisi de restreindre ma liberté individuelle (bosser) à celle d’un système m’en offrant d’autres (être protégé).
Et je vous rassure, j’ai aussi été chômeur, même en se démenant comme un Stakhanov, il n’y a parfois rien qui rentre. Et la morale en prend alors un coup… d’où ma conclusion.
« personne ne peut défendre raisonnablement, pacifiquement, une liberté qui conduise à la mort »
La liberté de vivre, de se reproduire et de donner la vie ne peut donc pas être défendue, à ce train là . Parce que vivre, tout de même, ça conduit à la mort, non ?
Quelqu’un pourrait « leur » expliquer que ne pas être libre, c’est déjà être –un peu– mort ?
» On a des hommes politiques que le monde entier nous envie ! » – Coluche
http://leweb2zero.tv/video/tasmant_85463c337354013
Le problème du « sans domicile » est un problème d’État civil : par définition, nous devons avoir une identité, une provenance et un lieu où les autorités pourront vérifier notre existence… Il nous faudra bien admettre un jour ou l’autre qu’en démocratie, la liberté est secondaire, assortie de contraintes légales, et non première ou naturelle. Et que toutes les mesures prises par un gouvernement quel qu’il soit s’inscrira dans cette philosophie civile.
Nous devrions sortir la démocratie de sa fausse étymologie : elle n’a jamais été le pouvoir du peuple (du dêmos), mais celui du dème, c’est-à -dire d’une division territoriale et administrative où s’exercent des lois égales sur une population recensée et dont les fonctions sont dûment réparties. L’espace public, la rue, etc. n’ont jamais été des « espaces de liberté » : la condamnation du « sans domicile légal », car c’est de ça qu’il s’agit en vérité, s’épaissit de condamnations morales de toutes sortes : celle de vagabondage, celle de « dégradation » du bien public (ce n’est pas « esthétique » : ça pue, ça chie n’importe où, etc.), de mauvaises mÅ“urs (il a choisi de gâcher sa vie), de victime parfois (c’est la société qui l’a gâchée), de dangerosité pour lui-même et pour les autres… Ce qui est condamnable, c’est le traitement global qui est fait : on ne peut forcer un individu, du moment qu’il ne nuit à personne ni à aucun bien privé, de vivre dans la rue, et il est toujours de bon ton que celui qui est concerné se révolte (et non que des associations et des politiques parlent globalement à leur place), prouvant qu’il a la pleine faculté de ses choix! Il n’en est malheureusement pas de même pour ceux qui ont perdu tout ou partie de leurs facultés sociales, et qui représentent réellement un danger, qui peut être d’ordre sanitaire autant que comportemental. Je considère que le problème est tangent si on le rapporte simplement à l’opposition liberté/contrainte : cela ne justifie ni la caserne d’office de Boutin, ni la pétition qui veut qu’ils aient tous, pareillement, la jouissance de leur liberté pour ne pas avoir à s’en soucier.
Liberté et idéologie
L’aveuglement doctrinaire
L’Idéologie (Idées et croyances des valeurs de la vie) est la méthode la plus rationnelle pour construire la pensée immuable du présent et du désir hors du réel. Ce mécanisme intellectuel s’inspire en toute bonne foi de la justification aux pires entendements dès lors qu’il s’agit d’en faire l’apologie. A ce moment spirituel la vérité peut être : le pire ou le mieux, le mal ou le bien, le blanc ou le noir sous l’emprise doctrinaire. Le cerveau déconnecté du réel s’abandonne à sa pire faiblesse la paresse d’abdiquer à la complexité du Savoir et surtout ne rien faire pour s’y adonner sinon que perpétuer le statu quo. Les idéologies s’avèrent de dangereuses méthodes de manipulation à la disposition de dirigeants despotiques ou d’oligarchies étatiques pour chloroformer les peuples et les assujettir. Porter l’idéologie du passé dans son temps sans les corrections du vécu et leurs réalités empathiques est une erreur en soi sans limites et pavée de conséquences effroyables. Rien ne peut justifier l’entêtement, l’aveuglement à se donner bonne conscience aux vues et au su des actes intolérables et indignes de la condition humaine. La liste est longue de toutes les idéologies révolutionnaires avec leur corollaire de dévastation et de déception. D’ailleurs, le monde idéal est-il concevable, existe-t-il ? Ainsi, la pensée avance à tâtons dès l’origine des temps.
Se libérer de l’hallucination dogmatique
Comme chacun le sait bien, on ne peut se fier à l’idéalisme pour qu’il soit applicable et réel. Seule l’expérience de la pratique apporte un début de réponse. Chacun connaît mieux qu’une institution dogmatique les désirs propres à sa vie et à son proche environnement socioéconomique. Le problème vient donc de la manière “du vouloir-vivreâ€. En cela le libéralisme (la liberté) plus qu’une idéologie découle de la science évolutive du progrès et assure le lien dans le processus par lequel la production crée les richesses. L’interprétation tronquée de l’histoire du libéralisme est une arme redoutable dans les mains de ses détracteurs. Il est difficile de faire la part du vrai et du faux, les faits historiques sont toujours contestables et les modèles ont évolué selon les sociétés.
Identifier le libéralisme
Les adversaires irréductibles du libéralisme sont passés maîtres dans l’art d’altérer ou de travestir le mot “libéralâ€. Il est malignement souvent accolé d’ultra ou d’autres épithètes et préfixes synonymes d’iniquité sociale, de patronat de droit divin, d’exploitation ouvrière, de lutte de classe, de privilèges, etc. Il en est ainsi de l’association du libéralisme et du capitalisme présenté essentiellement dans une période exceptionnelle due à l’essor industriel des XIXe et début du XXe siècles. Au cours de cette évolution, la situation des travailleurs s’est sans doute, améliorée, mais sans commune mesure avec l’accumulation des biens capitalistes. Ce déséquilibre du rapport de force, entre acteurs économiques, fut à l’origine d’injustices morales et économiques exacerbées. Manifestement, les effets du bouleversement économique industriel entraînèrent le “laissez faire – laissez aller†du capitalisme ravageur de l’époque. Il va de soi que l’accumulation du capital, s’il provient d’un effet du mérite, ne peut s’exercer qu’à travers une communauté. Mais les excès du capitalisme n’ont-ils pas été d’ordre institutionnel ? Le cadre législatif était alors inexistant.
Confondre les détracteurs du libéralisme (la liberté)
A bien y regarder, le libéralisme (la liberté) ne fut pas la cause de ces injustices sociales, ni la cause d’autres probables injustices, il s’avère au contraire être un moyen réaliste et équitable pour y remédier et promouvoir les hommes jusqu’au sommet de la hiérarchie sociale. Capitalisme et libéralisme sont effectivement liés par une mentalité économique. Mais les confondre est une erreur de compétence ou d’intention ! Comme l’idéologie est une entrave à la liberté. A la différence des dogmes le libéralisme (la liberté) est une vérité palpable de l’adaptation des hommes aux évolutions de notre temps, c’est ce dont les doctrinaires ne veulent pas entendre, en occultant la vérité du réel, arbitre dont on ne peut s’exempter vers la voie du progrès.