Le Parlement de l’Union européenne doit se prononcer cette semaine en deuxième lecture sur la directive concernant le brevetage des « inventions mises en oeuvre par ordinateur ».
Qu’en penser ?
Je sais que la question du brevetage a été déjà débattue longuement sur « La page libérale ».
Mais il me semble intéressant d’y revenir d’abord parce que les arguments des uns et des autres ont du s’épurer et s’affiner avec la réflexion. Leur pensée doit être affûtée ce qui n’est pas le cas de la mienne dans le domaine…
Ensuite, nous voici face à un débat qui lie désormais l’offre du marché politique de l’Union européenne (à vingt-cinq, prochainement vingt-sept pays) et l’offre d’un marché non politique, de fait mondial, celui du marché des technologies de l’information.
La nouveauté est peut-être que, si on en croît la rumeur, certains parlementaires souhaitent qu’en vertu de la libre entrée/sortie dans le processus de marché, l’Union européenne fasse en sorte que le brevet fournisse une protectionÂ… limitée.
Pour leur part, anticipant l’examen de la question, Alcatel, Ericsson, Nokia, Philips, Siemens et quelques autres groupes technologiques ont pris parti ce lundi 4 juillet 2005 pour la « brevetabilité des inventions mises en oeuvre par ordinateur ». Ce n’est pas étonnant quand on sait que, regroupés au sein de l’Eicta (association professionnelle des entreprises de technologies de l’information), ils font valoir inlassablement leurs arguments. Par exemple, ‘Les entreprises innovatrices européennes doivent pouvoir protéger leur création afin de maintenir leur leadership dans un bon nombre de domaines de la haute technologie tels que les télécommunications’, a souligné le PDG d’Alcatel dans un communiqué. Dans un communiqué commun, les dirigeants d’Alcatel, Ericsson, Nokia, Philips et Siemens estiment, d’ailleurs, que certains amendements proposés par le Parlement en vue de limiter la protection des logiciels « risquent d’avoir un impact négatif sur le secteur de la technologie numérique en Europe, sur l’emploi et sur le montant des investissements en recherche et développement (R&D) ».
Alors qu’en pensez-vous, vous, cher « épargnant/investisseur », vous qui êtes à la fois demande du marché politique de l’Union européenne et demande du marché non politique mondial en question ?
J’en pense que les dirigeants d’Alcatel, Ericsson, Nokia, Philips et Siemens ont tres peur du phenomene des logiciels libres (qui ne veut pas dire gratuit).
Pour avoir travaille dans le milieu, je peux vous dire que les createurs sont en train de prendre leur revanche sur les manageurs, et que tous les informaticiens dignes de ce nom sont verts de rage envers cette mesure qui va les empecher de faire leur metier.
Patents are an Economic Absurdity. Du protectionnisme qui cache son nom.
A mon avis, le brevet logiciel est un belle usine à gaz juridique dont les industriels n’ont besoin que psychologiquement pour se protéger. Il existe des douzaines de brevets déposés dont l’application pratique concerne de près ou de loin du logiciel, déposés en Europe, et qui permettent théoriquement cette protection juridique. Comme de toute façon, le brevet ne vaut réellement que s’il est défendu, et qu’au moment où il est attaqué, il est généralement déjà trop tard (surtout dans le domaine très rapide des technos de l’information), ce genre de protections dans ce domaine n’a dans les faits jamais empêché quiconque de faire ce que bon lui semble…
Je rejoins au final tout à fait l’analyse du Pleutre du dessus : les industriels européens ont peur du libre. Comment combattre (commercialement) des communautés dont le nombre de développeurs peut monter à des milliers ? Peu d’entreprises peuvent se payer un service R&D de plusieurs milliers de personnes…
les grosses entreprises s’appuient sur l’Etat pour assoir leur domination: ceux qui n’ont pas les moyens de breveter leurs inventions seront mis hors jeu par plus gros, et d’autres ne pourront pas développer leurs innovations parce qu’il faudra licensier la technologie X détenue par la grosse entreprise Y…
Voilà qui va freiner l’innovation en Europe. Absurde.
Pour autant que la propriété des inventions mises en oeuvre par ordinateur serait comparable à la propriété littéraire, je conseille aux intervenants de lire :
propriétaire littéraire
A près d’un siècle et demi de différence, la même question de droit se pose, mais à propos de considérations différentes, les dernières ayant été inimaginables 150 ans plus tôt.
Pour une discussion sur le sujet, cf. http://linuxfr.org/~rootix/4996.html