« Ils ne se sentent à l’aise que dans la mélasse sociale-démocrate »
(Jacques Garello, président de l’ALEPS, site www.libres.org). Le même jour je lisais Garello et l’édito des Dernières Nouvelles d’Alsace (www.dna.fr), journal régional dont la ligne éditoriale est ultra-centriste. J’avais à la fois la thèse et sa confirmation sous les yeux. Nous nous situons juste après le G8 de Gênes.
Le début de l’édito de Dominique Jung nous explique que la mondialisation est un fait, pas une idéologie, qu’il n’existe pas de « directoire » qui impose la « mondialisation ». Par conséquent, l’ « anti-mondialisation » est un concept ambigu. Il présuppose l’existence d’un centre de décision. Jusque là on est prêt à le suivre. Mais, très vite, l’appel du vide devient irrésistible et l’éditorialiste s’englue définitivement dans la mélasse sociale-démocrate, jusqu’à la démagogie. La pensée unique a cela de pratique qu’elle est universelle. Pour l’étudier, la gazette locale suffit. Paris, Strasbourg, Grenoble… nulle différence.
Mais la presse locale y ajoute parfois le panache. Il est vrai que le risque pris n’est pas bien grand. Tout de même, quelques phrases passent mal. Par exemple: « Le problème est justement qu’il n’y a pas de directoire central » affirment les DNA. On savait que le principe du primat du politique sur l’économique, dogme fondamental du credo social-démocrate (« tout est politique »), règnait sur la pensée éditoriale française et régionale, mais le centralisme, tout de même ! Je croyais que ce mode d’organisation politique jacobin était bon à jeter dans les poubelles de l’Histoire. Mais ne voyons rien d’autre, dans cette expression de « directoire central », qu’un euphémisme pour désigner pudiquement un État mondial. Ainsi, la presse alsacienne, après s’être faite le chantre de la construction politique européenne, voilà qu’elle appelle à la constitution d’un État mondial. C’est une manie. Et pourtant, à la réflexion, cette manie ne relève-t-elle pas de la « fausse conscience » ? Comment, en effet, promouvoir à ce point une pensée en contradiction avec son intérêt ? Le seul intérêt que la sociale-démocratie et le centralisme politique défendent réellement sans ambiguïté c’est celui des politiciens. Certains penseurs nous ont pourtant avertis des dangers d’un État mondial. Outre les libéraux au premier rang desquels on peut citer Hayek, un « socialiste » hérétique, George Orwell en a donné les traits caractéristiques. Big Brother ! Et qu’on ne vienne pas nous dire que la démocratie nous prémunirait contre les excès d’un pouvoir politique mondial centralisé. La démocratie n’ a jamais empêché le pouvoir de l’État de croître et les libertés individuelles d’être piétinées par la majorité et la coercition étatique. Une Constitution même n’y suffirait pas. Tous ces remèdes politiques sont définitivement datés. Une seule voie n’a pas été totalement explorée, celle de l’ordre spontané, celle du Droit (l’état de droit et pas l’État de droit) et de la liberté. Les moyens politiques – c’est-à -dire étatiques- ont été utilisés sous toutes les formes: totalitaires, démocratiques, dictatoriales… Les moyens économiques, ceux qui sont fondés sur les droits de propriété et l’échange libre, sont réputés myopes et matérialistes, irrationnels. C’est que la bonne vision est associée à un pouvoir de décision centralisé. Mais il faut maintenant se faire à l’idée qu’un groupe d’individus – les politiciens – n’a aucune idée des connaissances nécessaires pour prendre les bonnes décisions. Ces connaissances sont éparpillées dans les cerveaux humains individuels et ne sont pas totalisables. Les politiciens et les experts sont plus ignorants que celui qui crée une activité rentable et utile à un endroit donné et à un moment donné. Ils sont plus ignorants que n’importe quel individu, s’agissant de ses propres intérêts. Les problèmes collectifs que seule la contrainte uniforme pourrait résoudre ne sont qu’un mythe.
Par exemple les DNA n’hésitent pas à déclarer : « L’une des failles de notre société est l’hypertrophie du système financier, qui se soucie comme d’une guigne de générer ou non du bonheur ». Le bonheur serait-il donc un bien de consommation que l’industrie sociale-démocrate serait apte à produire en quantité définie ? Quelle absurdité doublée d’une inculture philosophique pathétique. Ainsi Platon(Socrate), Aristote, les stoïciens, les épicuriens, et Kant, jusqu’à Freud avaient considéré le bonheur comme une affaire personnelle, comme le résultat involontaire d’une conduite vertueuse, ou d’une activité réussie, en tous les cas de la liberté. Un régime politique qui vise à réaliser le bonheur des individus à leur place non seulement manque toujours son but mais supprime la nécessité d’être l’auteur de son propre bonheur. L’égalité devant le bonheur n’existe pas et si le système financier « se soucie comme d’une guigne de générer le bonheur » il n’ y a pas à s’étonner. Mais ce « système » m’empêche-t-il de construire mon bonheur ? Porte-t-il atteinte à mes Droits individuels ? A ma liberté ? Que nenni ! Par contre on soigne sa clientèle en proclamant des absurdités pareilles. Des non-sens absolus.
On le voit bien, les « arguments » – fallacieux – ne manquent pas pour faire la propagande en faveur de l’État ou proto-Etat mondial. Il est simplement désolant de voir que les sociaux-démocrates ne reculent pas devant le confusionnisme