Mme Guigou a réuni jeudi dernier tous les acteurs de la santé pour une « grand messe » sur le thème de la maîtrise des « dépenses ».
A quoi bon se réunir quand le problème c’est la Sécurité Sociale elle même ? Mme Guigou, ministre de la solidarité (cf le solidarisme de Marc) a rassemblé les « représentants des professions de santé, du patronat et des syndicats« . Objectif ? Sauver du naufrage financier la Sécurité Sociale, dont la branche « assurance maladie » perd toujours de l’argent, envers et contre toutes mesures gouvernemtales.
A quoi peuvent bien servir de telles « grand messe », à part engraisser les traiteurs habituels du ministère ?
Car si l’objectif est connu et souvent partagé par les « acteurs » de la santé, on connait d’avance les solutions énoncées, et les désaccords qui en découlent.
Il n’y a pas trente six solutions dans le cadre actuel: les Français consomment de plus en plus de médicaments, de soins divers, de consultations etc, sur prescription des médecins, bien évidemment. Pour équilibrer les comptes de la sécurité sociale, il faut donc: augmenter les cotisations ou baisser les remboursements ou baisser les honoraires des médecins ou les prix des médicaments… Evidemment rembourser moins c’est impopulaire, comme augmenter les cotisations. Donc il reste baisser les honoraires des médecins ou baisser les prix des médicaments. Et comme les médecins ont déja le couteau entre les dents depuis 95 et la réforme Juppé…
Tiens parlons en d’ailleurs de cette réforme: elle a surtout consisté en une vaste punition collective des médecins, accusés de trop prescrire. En cas de dépassements de quotas, les médecins doivent rembourser le « trop prescrit », collectivement, indépendemmant de leur comportement individuel. Guigou veut continuer dans ce sens, puisqu’un Conseil National de la Santé doit être créé. Il aurait pour mission d’ « éclairer le gouvernement, le parlement et l’ensemble de la population française« . Mais aussi de « monitorer » les médecins. Rien que ça! Ce fut l’une des conclusions de « la mission de concertation pour la rénovation des soins de ville ». Les médecins vont devenir fonctionnaires sans s’en apercevoir… Mais ce n’est pas tout, il y a aussi les revenus qui dépendraient non plus des actes réalisés, mais d’un « forfait » (d’actes ?) et dépendrait d’une coordination entre le médecin généraliste et les autres professionnels. Le système une fois mis en place.. aboutirait ni plus ni moins à la disparition des honoraires libres (donc interdiction de fixer les prix).
Les médecins sont donc contre les réformes, sachant qu’elles aboutissent inévitablement à les rendre de plus en plus dépendants de l’Etat, et en faire des fonctionnaires au rabais.
S’en prendre aux laboratoires représente donc une porte de sortie honorable pour le gouvernement qui ne s’est pas privé pour faire des annonces de baisse de prix de certains médicaments. Pourtant, loin de pousser la logique jusqu’au bout, le gouvernement s’est refusé à éliminer de la liste des médicaments remboursés 835 produits dont l’efficacité thérapeutiques est contestée (voire nulle). Pourquoi donc ? Parce que les laboratoires qui les produisent sont « de petite taille, indépendants des multinationales« . Voilà qui suffit n’est ce pas ? On produit des médicaments inutiles, mais on est pas pourri par le grand capitalisme et on est tout petit: alors rendez nous service. Par contre les dernières innovations qui sont elles en général très utiles, verront leur prix baisser. Donc les laboratoires qui les fabriquent verront leur rentabilité baisser.
Du coté des « soignés », on peut s’attendre par contre à une hausse des dépenses de soins… par les CMUistes! La Couverture Maladie Universelle « couvre » pas loin de 5.2 millions de personnes et par un effet de seuil assez amusant… les titulaires de l’allocation adulte handicapé et du minimum vieillesse échappent à cette CMU! Il faut donc s’attendre à voir relever le plafond de la CMU pour couvrir les retraités et les handicapés. De quoi accroître sensiblement la clientèle politique. De quoi aussi maintenir dans la pauvreté durablement un grand nombre de personnes car cette CMU avec son seuil à 3600FF/mensuels n’incite guère à augmenter ses revenus.
Pour les simples « cotisants », rien de nouveau par contre. Hormis le fait que dans quelques années la rentabilité faible des laboratoires amènera un progrès médical réduit sans doute…
La question de la liberté n’est jamais abordée dans toutes ces vaines discussions, si ce n’est pour dire qu’il faut l’encadrer, la réglementer, soumettre à autorisation etc…
Même si Kouchner voudrait nous faire croire le contraire en déclarant « on ne maitrise pas les dépenses de santé, c’est un abus de langage« . Il veut mettre en place dit-il des mécanismes qui favorisent l’efficactité. Mais pourquoi ne pense-t-il pas au marché dans ce cas ? Les bonnes pratiques sont les plus rentables, et ce ne serait pas la peine de chercher à réglementer les pratiques de tous. Ceux qui feraient les choses de travers… seraient moins rentables, voilà tout!
Et puis on voit bien que la liberté ça ne l’intéresse pas quand il qualifie la croissance actuelle de « dérapage« . Qui est-il pour savoir à la place des gens et leur médecin ce qui leur convient en matière de santé ? Et il enfonce le clou… « je propose d’arrêter la guerre civile médicale et de parler -je tends la main- de contrôle médicalisé« . Belle figure de réthorique: la guerre, c’est Juppé qui l’a déclarée, donc l’Etat. Et parler d’un « contrôle médicalisé ».. étatisé oui!
Bien sur, une interview d’un secrétaire d’Etat à la santé français ne pourrait se terminer sur une plus phrase que celle-ci « le système français est meilleur du monde« . Meilleur que lequel ? Celui du Zimbabwe ? Peut être! Mais entre systèmes étatisés, quelle concurrence ? Tous fonctionnent sur le principe du vol, de la contrainte!
Si M. Kouchner se tourne vers l’Angleterre ou l’Allemagne, nul doute qu’il y trouvera des systèmes publics en pleine déconfiture: le système anglais est mort, le système allemand en agonie.
Le système anglais n’est que ce que sera demain notre Sécurité Sociale: pénurie, malades non soignés, et cliniques privées florissantes. Le système allemand lui a suivi une meilleure voie: là bas les caisses privées d’assurance maladie sont autorisées… résultat les caisses publiques inefficaces perdent leurs adhérents *involontaires*. Espérons que la directive européenne instituant la concurrence entre caisses d’assurance sociale passe dans les faits en France un jour… ce devrait être fait depuis 1992!