Free party…

Ivan Rioufol (Le Figaro du 10 juillet) en appelle à la « responsabilité » dans son commentaire du triste bilan des rave-parties du week-end dernier. Malheureusement, il y a confusion. La responsabilité des hommes de l’Etat, à laquelle nous renvoit Le Figaro, n’est pas de nature à restaurer la responsabilité individuelle qui devrait faire de chaque individu le seul comptable de ses actes. Les hommes de l’Etat doivent-ils contrôler la « météorologie » des moeurs et de la morale ou se contenter de faire respecter le Droit ? « Ainsi, le XXe siècle a été le siècle de l’irresponsabilité: toutes les difficultés, tous les échecs ont été la conséquence d’une crise de la responsabilité »
Pascal Salin, Libéralisme.

Ces rave-parties font couler beaucoup d’encre. Entre le laxisme libertaire, qui se moque ouvertement de la propriété privée, et la réglementation inutile demandée par une partie de la droite parlementaire le choix est impossible.
Il faut appliquer le Droit. Bien qu’elle soit déjà trop souvent amendée par toutes sortes de législations qui en atténuent la rigueur, la Loi française est censée protéger la propriété privée. Que ne l’applique-t-on pas ? Il est vrai que les « free party » sont sauvages et donc imprévisibles. Et alors ? Le criminel est-il prévisible ? Proposera-t-on un contrôle électronique du mouvement des individus pour prévenir le crime ? Une telle société militarisée ne vaudrait évidemment pas la peine d’être vécue. Alors comment faire respecter le Droit ? Non pas en supprimant les possibilités de le violer, comme le propose la droite conservatrice, mais en abolissant l’impunité, c’est-à-dire la possibilité de ne pas subir les conséquences de ses actes.

Cette impunité n’est pas étrangère au collectivisme qui ronge notre pays. En effet y a-t-il une place pour les droits individuels (et en l’espèce la propriété privée)lorsque règnent les faux droits – les « droits » collectifs, le droit « des jeunes » à s’amuser en violant la propriété privée, le droit « des syndicats » à s’exprimer en détruisant des restaurants etc. ? Les groupes n’ont aucun Droit, comme l’a dit avec force Ayn Rand (la vertu d’égoïsme), seuls les individus en ont. Or le plus fondamental d’entre eux est la propriété de soi. La responsabilité naît de la liberté et de la propriété. Un individu qui peut se défausser sur le groupe auquel il appartient est irresponsable. Rien d’étonnant alors que l’on se plaigne tant des conséquences de cette irresponsabilité en France, cette « Union soviétique qui a réussi », où les droits sont collectivisés, où la responsabilité est collectivisée.

Une conduite « responsable » ne se décrète pas. Lorsque les hommes de l’Etat renonceront à protéger les individus il y aura une place pour la responsabilité. On veut les protéger contre les aléas de la vie? On crée un monopole public de sécurité sociale et on plonge les assistés dans l’imprévoyance, bon prétexte pour renâcler ensuite à la privatisation. On veut protéger les individus contre le fléau de la drogue? On interdit donc son usage en dépossédant les individus de leur propriété de soi et en les jetant dans le monde de la criminalité (je renvoie ici à l’analyse de Christian Michel, site Liberalia.com, « faut-il interdire les drogues? », ) . Dans Le Figaro nous apprenons qu’un homme de 24 ans est mort lors d’une de ces rave-parties. « Dans l’attente des résultats de l’autopsie, nul ne peut affirmer, lit-on dans Le Figaro, que la victime était sous l’emprise de stupéfiants…mais on sait que le LSD donne à celui qui en consomme l’impression d’avoir des ailes ». Que faut-il en déduire ? Que les hommes de l’Etat doivent supprimer l’illusion de pouvoir voler ou bien qu’ils doivent laisser opérer la prévention spontanée, ces règles de comportement qui se transmettent d’une génération d’individus responsables (c’est-à-dire subissant eux-mêmes les conséquences de leurs actes) à une autre ?