Suite à la déclaration de Serge Tchuruk de faire d’Alcatel une entreprise sans usine, un éminent professeur de la faculté de Bordeaux vient nous ressortir dans Le Monde un charabia tel que M. Jospin a du en entendre lorsqu’il était trotskiste. J’avoue ne pas y comprendre grand chose, et je me bornerai donc en conséquence à commenter les parties « compréhensibles » par le pauvre erre que je suis. Les professeurs d’université en France ne sont pas tous marxistes, loin de là . Jacques Garello par exemple, éminent représentant des libéraux de l’université d’Aix, tient le site LibRes, Pascal Salin, professeur à Dauphine est lui aussi un libertarien reconnu, au point d’avoir été président de la société du Mont Pélerin. Toutefois, ils ne sont pas majoritaires. L’espèce majoritaire doit se situer chez les keynésiens, et l’enseignement néo-classique, mécaniciste au possible. A coté de ceux là subsistent des communistes pur jus, ou à tout le moins des marxistes forcenés.
Ainsi, le dénommé Jean Marie Harribey se lance dans une diatribe contre le capitalisme dans Le Monde du 03/07/2001. Pour le peu que j’en ai compris, il voit dans la décision de Serge Tchuruk de se défaire de ses usines, désormais ravalées au rang de sous-traitants, une forme d’ « utopie capitaliste », celle de se défaire totalement des salariés, du travail même en fait. La finance comme but propre, le profit sans les emmerdements du management en somme. Je ne vois là qu’une forme intermédiaire entre les fonds d’investissements, les holding, et l’entreprise « industrielle » qui crée les produits et ensuite les fabrique. Rien de bien choquant. Après tout si Alcatel demain ressemble à des bureaux d’études, des services de marketing et un service commercial, et que toute la production se fait dans des usines qui ne lui appartiennent pas en propre, je ne vois pas en quoi c’est choquant.
Mais bon, visiblement les marxistes préfèrent la centralisation, et j’imagine que cette spécialisation du travail les rebute.
Plus loin, il continue en attaquant le secteur financier, qui ne crée aucune valeur selon lui (et à qui pourtant toutes les entreprises font appel….pour détruire de la valeur ?). Rien de bien nouveau là aussi: la création de valeur pour l’actionnaire serait le grand mal de notre siècle, le propriétaire d’un actif se devant certainement d’être stupide et ne rien réclamer en contrepartie du risque encouru de la participation à une affaire. La création de valeur serait même pour lui « la captation financière sur l’ensemble de l’économie ». Une sorte d’impôt financier si je comprends bien ?
Cette « captation » il l’explique de deux manières. D’abord, très succintement, il tient ce discours que je qualifierai d’imbécile sur la hausse de la productivité (contre le bonheur des salariés bien sur), qui permet de licencier et donc de faire plus de profits. Une substitution capital/travail qui tournerait toujours au licenciement du travailleur et à l’emploi de capitaux plus forts. Là encore, pourquoi cette haine de la productivité ? Les écologistes devraient au moins reconnaître ce mérite à l’économie libre, c’est qu’elle fournit des incitations constantes à économiser les ressources, à en utiliser le moins possible. Lui n’est pas écologiste, donc il ne saurait comprendre cet argument. Pour un marxiste comme notre professeur d’aujourd’hui, je crains qu’hélas aucun argument puisse venir à bout de ses préoccupations. Ni les prix en baisse, ni les volumes en hausse, ni la moindre fatigue des personnels, les baisses de temps horaires..Laissons tomber ce point donc.
La deuxième manière pour les sournois capitalistes de détouner de la valeur et de la « capter », ce serait justement les appels à la création de valeur. Les capitalistes se battraient pour les morceaux en fait: Alcatel laisserait ses usines peu rentables à un sous-capitaliste, et s’attribuerait ainsi plus de valeur.
Hormis le fait que des entreprises sous-traitantes puissent être des business rentables, et parfois autant que les donneurs d’ordre, par une meilleure organisation, une plus grande flexibilité etc, cet état de fait ne ferait que révéler que l’activité d’assemblage d’un modem aDSL (par exemple) est moins lucrative que celle de les concevoir. La grande force du marché c’est qu’il permet aussi de rémunérer chacun selon son apport: séparer la production de la conception, c’est simplement mieux distinguer les sources de valeur justement.
Pour notre homme, ce sont deux phénomènes du capitalisme, que Marx lui même avait identifié il y a déja bien longtemps.
Après ces premiers passages déja forts embrouillés, suit une partie incompréhensible, sauf peut être aux marixstes endurcis, ou à ses élèves malheureux de fac. Ah si, voilà une phrase qui a un sens: « tout le monde pourrait s’enrichir à la Bourse à un rythme supérieur à celui de la croissance de la production ». Ce qui est vrai: les placements en Bourse rapportent 11% en actions, 9% en obligation, sur des termes de 30 années. La rentabilité financière d’une entreprise dépend de facteurs multiples, comme la structure de son capital, les taux d’intérêts à un moment X, les risques qu’elle court, que le secteur ou elle évolue court etc…
Je pourrais m’arrêter là , car non seulement je fatigue de lire ces sottises, mais en plus je dois relire chaque phrase trois fois tellement son discours ne m’atteint pas et les concepts qu’ils manipulent me sont étrangers. Mais je vais continuer pour montrer encore quelques inepties et pour enfoncer le clou.
Le voilà donc qui parle de l’exploitation des travailleurs des usines sous-traitantes, car forcément, les entreprises financières n’auront aucun scrupules envers elles, comme si Peugeot (constructeur automobile) n’avait pas intérêt à ce que Valéo (équipementier automobile) soit en bonne santé peut être! Et puis il repart encore dans un « trip » sur la future prolétarisation des Chinois et de l’Afrique… Ce serait le capitalisme lui même qui garderait ces régions sous développés, le capitalisme en personne à lire son texte: « le capitalisme a encore devant lui un espace très grand: il y a encore des milliards d’êtres humains non prolétarisés qu’il garde en attente […] »
Le voilà encore qui nous reparle de l’utopie du capital « autofructifiant », s’abolissant du travail…
Le délire atteint son comble quand il parle du « discours économique officiel qui n’a jamais eu qu’une seule fonction: légitimer l’ordre social établi, en dissimulant l’origine de la richesse produite[…]« .
Mais que dis je ? Le comble est atteint ? Non, il suit: « la propriété n’est pas seulement un vol, c’est un viol […]. Le capitalisme est cannibale puisqu’il se nourrit de la substance humaine ». WOW. Rien que ça. Traquons donc ce sale animal, il est mangeur d’hommes! C’est bien le discours qu’ont tenu les révolutionnaires de 1917. Et puisque le capitalisme n’est rien d’autre que la meilleure organisation qui soit pour vivre en société, tout le monde a été pourchassé, il fallait bien trouver des personnes qui l’incarnent pour le tuer, ce capitalisme insaisissable.
Finalement, dans son délire paranoïaque aigu, il termine par sa vision de l’Apocalypse, qui serait une Terre où les entreprises feraient toutes de la sous-traitance. « Autant dire la disparition de l’humanité ».
Rien que ça! Bravo Le Monde de publier de telles salades!
VITE, SUPER MARX, VIENT NOUS SAUVER!
A propos de « légitimer l’ordre social »,ça me rappelle ce qu’avait dit ma prof d’histoire contemporaine du premier semestre à propos de Toqueville: »Si l’ordre social est modifié j’veux dire IL A TOUT A PERDRE!!! » …
Je veux m’assurer que vous m’avez bien compris:le « il » dont c’te prof parle c’est Toqueville.
Oui, mais Tocqueville et moi on a déjeuné ensemble à midi et il m’a dit que de toute façon, il avait du pognon en suisse, salaire justement gagné à la solde du grand capital des treusts internationnaux mondialisé des USA Ultra libéraliste qui font des licenciment boursier juste pour le profit.
Donc, pas de probléme pour lui, tu pourras le dire à ta gueuse.
C’est quoi l’histoire contemporaine ? Le présent ? (:)