La semaine a bien commencé pour Lionel, notre futur président. On vient en effet d’apprendre que le coup de baguette magique appelé « 35h » avait permis la création de 285.000 emplois.
Ainsi, entre les emplois jeunes (300.000), et les 35h, M. Jospin aurait créé à lui tout seul, avec l’aide de Martine Aubry quand même, quelques 600.000 emplois!
Mais Mme Guigou a compris que le vrai problème dans l’emploi, c’est le travail, et donc veut forcer de nouvelles catégories à travailler moins encore. Les 35h semblent un sujet d’éloges inépuisables pour notre Premier Ministre. Avec les emplois jeunes, le lumpen-fonctionnariat, elles sont la principale réalisation du « quinquennat » gouvernemental.
Pour alimenter la discussion, il faut cependant que les services de l’Etat lui trouve des qualités à cette baisse autoritaire du temps de travail. Cette fois, c’est le Commissariat au Plan (sic) qui s’y est collé. La vénérable institution digne de l’Union Soviétique a donc pondu des chiffres encourageants, qui soulignent à quel point les mesures économiques du Premier Ministre sont bonnes et sages (en plus d’être coûteuses, ce qu’on savait déja).
Ainsi, selon les commissaires (mais non, ils ne sont pas politiques!) au Plan « La RTT (réduction du temps de travail) a ainsi ajouté ses effets à ceux de la reprise de la croissance et accéléré le retour à l’optimisme des ménages, stimulant par là la croissance« . Il est vrai que les « RTT » comme on les appelle en entreprise ont permis de disposer de jours de repos supplémentaires, mais ce serait oublier que le travail est toujours le même, sauf que désormais il faut le faire en moins de temps: le stress engendré n’est pas mesurable, et de toute façon, il n’est dans l’intérêt d’aucun Commissariat quelconque de l’évaluer. Le problème est évoqué dans le rapport, mais pour préconiser cette solution « un développement de la négociation collective sur l’usage du temps individuel « . Une négociation collective sur l’usage du temps individuel. Les socialistes ne résistent devant aucune contradiction: encore un bel exemple de novlangue.
Et ce n’est pas tout, car tout le monde n’est pas encore passé aux 35 heures: les attentes gouvernementales se situent aux alentours de 500.000 emplois au final. Mais le rapport note que ce chiffre sera atteint si: « les modalités de modération salariale restent les mêmes et que les difficultés de financement de la RTT ne deviennent pas plus lourdes. « . Forcément… car qui finance la RTT ? Et bien dans le mécanisme actuel, les entreprises créant les emplois passent des accords dits RTT, déclarés auprès d’une direction du travail ou de je ne sais quel autre organisme de circonstance (d’où le chiffre de 285.000), reçoivent une subvention de l’Etat. Et le coût astronomique de ces subventions n’est pas couvert par les impôts liés aux emplois des accords. La deuxième source de financement, c’est tout simplement les employés: les accords ont quasiment tous donné lui à des blocages de salaire pour x années. Si on fait le compte, les salariés payent donc deux fois: une fois au travers des impôts nécessaires aux subventions, une fois par la baisse de leur pouvoir d’achat. Et puis il y a aussi cet autre effet pervers…. dans la loi française, il y a une distinction entre les « cadres » et les autres. Les cadres ne comptent pas leurs heures, mais leurs jours de travail sur l’année. Ils doivent respecter un quota de jours. Pour eux, la pression est donc encore plus forte. Et ô miracle, un grand nombre d’employés sont passés cadre l’année dernière.
Revenons maintenant sur les chiffres: 285.000, c’est le chiffre issu des accords passés. Comme il est obligatoire d’aboutir à un accord au terme de la loi, le chiffre ne signifie donc rien. Et évidemment les emplois perdus, ce qu’on ne voit pas, ne sont pas comptés. Combien de faillites dues aux 35h ? Combien de délocalisations ? Combien d’entreprises qui auraient du investir en France et ont finalement préféré l’Italie, l’Espagne, ou l’Angleterre ? Bref, comme pour les emplois jeunes, les impôts induits détruisent de toute façon autant d’emplois qu’il y en a eu de créés. Et encore, même plus car la réorganisation des entreprises a eu un coût, qui n’est pas évalué lui aussi.
Bref, ces soi-disant créations d’emplois n’ont répondu dans la grande majorité des cas à aucune logique économique, mais bien à une logique étatique: partageons le travail car c’est un bien rare. Le partage de la pénurie, comme d’habitude!
Cependant, il existe encore des secteurs où la loi n’a pas encore fait son oeuvre: dans l’hotellerie/restauration, les horaires sont nettement plus élevés que la moyenne (43h et plus). Mme Guigou considère que c’est nettement trop! Il faut donc là aussi passer aux 35h! Ce secteur est parfaitement représentatif de l’économie en général: le travail n’y est pas divisible en petits morceaux, les horaires se doivent d’être flexibles afin d’ouvrir au maximum et rentabiliser les équipements, et pour les salaires bas versés dans ce secteur (merci les charges), où la saisonnalité joue un grand rôle, le besoin de travailler plus sur un temps plus court est ressenti de façon aigu. On voit donc tous les effets pervers de cet autoritarisme étatique. Sans bien sur parler du travail au noir, « illégal », donc forcément pourchassé par la police du travail, qui s’acharne ainsi à détruire la création de valeur qu’elle ne peut pas taxer.
Et Mme Guigou a donc décidé de tuer la profession en lui appliquant le même régime imbécile qu’à l’ensemble des entreprises. Pour un pays qui se veut défenseur de la « bonne bouffe » en opposition à la « malbouffe », voilà un grand pas de fait pour MacDonald’s et autres: leurs employés sont en général en temps partiel (18h ou 20h/semaine par exemple). La concurrence, elle… fera faillite!
En tout cas: bravo Mme Guigou, désormais le désastre sera total!