Contrôle des prix

En France, quand M Sarkozy veut, M Sarkozy obtient. Ou sinon… Dans une optique keynésienne, « relancer la consommation pour relancer la croissance« , Sarkozy souhaite faire baisser les prix des supermarchés. Il a une recette simple:

Faute d’une solution concertée, le ministre avertit qu’il pourrait alors passer par un changement de la loi dès fin juin.

En bon politicien il leur tend dans le même temps une carotte:

M. Sarkozy a proposé aux distributeurs d’assouplir les conditions d’autorisation d’extension des surfaces commerciales

La carotte, le bâton, une méthode de management simple et efficace depuis des millénaires!

La carotte empoisonnée

Si les grandes surfaces « cèdent » (encore faut-il qu’elles le puissent), elles auront donc le droit d’agrandir la surface de leurs magasins sous certaines conditions, dont notamment celle-ci: elles devront accueillir plus de produits de PME. Objectif: abaisser le nombre de produits de grands groupes.
Voilà une mesure « ultralibérale » de plus à l’encontre des multinationales de la bouffe qui contrôlent le contenu de nos assiettes (et moi qui croyait que je consommais ce que j’achetais volontairement, j’ai tout faux, ce sont les multinationales qui contrôlent tout grâce à la pub et aux rayons des supermarchés!).
Bien sûr si des groupes tels que Nestlé ou Danone vendent mieux en supermarché que des PME, c’est peut-être tout simplement qu’ils sont capables de maintenir une production de masse, avec une qualité constante, et des prix en conséquence, mais ça ne viendrait pas à l’idée de M. Sarkozy. Non, lui il veut des yahourts produits par la PME du coin, une marque différente dans chaque supermarché, et idem pour les autres produits. Le « principe de précaution » et la « traçabilité » risquent d’en prendre un coup, et les consommateurs le savent bien. Si nous vivons dans un monde où dans certains secteurs les consommateurs ont fait le choix répété de certaines marques, c’est parce qu’ils leur font confiance. Ces marques peuvent maintenir une qualité égale partout, et elles ont les moyens d’élaborer de nouveaux produits dans les mêmes conditions. Forcément, elles ont plus de facilité à remplir les exigences des consommateurs que des marques inconnues, surtout pour les produits alimentaires.
En langage gauchiste cete situation se traduit par « certaines marques dominent outrageusement le marché » ou encore « oligopole alimentaire ou cartel de la malbouffe ?« . Quel que soit l’emballage gauchiste, ce résultat est celui de la liberté, pas celui de l’intimidation et des promesses au conditionnel. Qu’un ministre souhaite aller à l’encontre de ce choix délibéré, maintes fois confirmé, des consommateurs n’a rien d’étonnant, même si c’est toujours désolant.

La menace

Pour arriver à baisser les prix de 5%, le ministre souhaite que les grandes surfaces ne facturent plus les coûts de promotion des produits (campagnes de pubs, tête de gondole…) à leurs principaux fournisseurs. Cette pratique de « marge arrière » ferait augmenter les prix. On se demande comment, puisque de toute façon le consommateur finit toujours par payer les frais promotionnels, qui doivent être répercutés par les grandes marques sur le prix de leurs produits avant la refacturation… Ce qui est reproché là c’est le fait que ces « marges arrières » augmentent vite, et qu’en conséquence les prix aussi.
Le ministre des Finances prévoit donc d’interdire ces « marges arrières », c’est à dire toute refacturaton de frais promotionnels, aux distributeurs. Cela ne changerait rien à la situation actuelle, car les supermarchés devront continuer à faire des bénéfices de même que les industriels, et si la situation actuelle permettait à tous de trouver un avantage, et il n’y a nul doute que ce ne soit pas le cas sinon ils n’auraient pas contracté, alors pourquoi les prix changeraient ?

Evidemment le moyen évident de retrouver un fonctionnement normal du business entre grandes surfaces et fournisseurs, qu’ils soient grands ou petits, ce serait peut-être de supprimer les diverses lois qui contredisent leurs relations libres, ou celles qui empêchent les supermarchés de s’agrandir etc.. Et pour ce qui est de la baisse des prix, avec une TVA à 19.6% il y a peut-être moyen de faire baisser les prix de 5% d’un seul trait de plume…