Laguillier présidente

Arlette Laguillier, présidente (ou porte parole ?) de Lutte Ouvrière, vient de se déclarer candidate à l’élection présidentielle de 2002. Son parti, encore groupuscule il y a 5 ans, est devenu un « acteur » de la politique française. Un parti qui se réclame à gauche du Parti Communiste a toute sa légitimité en France. Navrant. Alors que l’Europe de l’Est se défaisait du joug soviétique, la France honorait un parti plus à gauche que la gauche, Lutte Ouvrière, en créditant la candidate de 5.3% des votes exprimés à l’élection présidentielle.
La France nage toujours dans le communisme donc, sans remords, sans regrets non plus. Et les plus enthousiastes se recrutent parmi les jeunes! Avec un aveu, dans un article du Monde, que les listes « Motiv-é-e-s » présentées aux dernières élections municipales dans les quartiers à forts taux d’immigrés, étaient bien des listes d’extrême gauche, ce que la presse a fait semblant plus ou moins d’ignorer. Les médias nous les ont décrites comme des listes de « démocratie participative » (démocratie populaire ?), qui voulait établir des comités de quartiers (des soviets de proximité ?).

Tout est en place pour un accroissement futur des listes d’extrême gauche donc, avec déja quelques sondages… qui bien sûr vont donner des ailes à Laguillier à 8% d’intention de vote au 1er tour de la prochaine élection présidentielle. De quoi passer devant le PCF.
La méthode est connue maintenant.
Les listes Motivé-e-s ratissent les voix des jeunes immigrés, qui ne reconnaissent absolument pas la société dans laquelle nous vivons (arrêtons de nous voiler la face), et qui trouvent dans ces listes des échos à leurs pseudo discours « politique ». Les listes Motivé-e-s promettent des lois antiracistes, des taxes plus fortes pour les « riches », des transports gratuits (pour mieux racketter dans les centres villes certainement), et des emplois publics. Quand on sait ce qui advient des édifices publics implantés dans les banlieues, on se demande pourquoi en proposer. Mais bon, le piège à voix fonctionne. La démagogie marche à fond, elle est directement dans le ton général des médias, et surtout elle est scandée par des jeunes issus de cette immigration.
Les listes LO/LCR quand à elles prennent les voix des jeunes parfaitement éduqués, mais par l’éducation nationale… d’où l’engagement chez des partis ultra-communistes. 45% des sympathisants de LO/LCR sont des moins de 35 ans. De quoi assurer un bel avenir à l’extrême gauche.
A cela, j’ajouterais une troisième composante à l’extrême gauche: les Verts. Loins de défendre l’environnement, les Verts comme Noël Mamère, leur candidat à l’élection présidentielle, passent plus de temps à pourfendre la mondialisation, l’OMC et les licenciements qu’ils n’en passent à jurer contre les OGM. Mais pour cela il y a encore José Bové… comme quoi chaque niche est remplie. Ah, l’écologie politique!
La présence continue au gouvernement des Verts leur a donné un semblant de respectabilité, et ils n’ont jamais été dénoncés comme un parti anti-ceci ou anti-cela, hormis leur obstination à nous faire marcher à pied, comme si les grèves n’y suffisaient pas. Ils bénéficient donc d’une aura protectrice qui attire à eux des personnes à priori peu tentées par un tour à gauche de la gauche.
Je veux pour preuve de la collusion des Verts avec l’extrême gauche ce court extrait du Monde (encore): « Les Verts aussi vous ont fait un appel du pied, par la voix de Dominique Voynet…« , question posée par le Monde au président de la Ligue Communiste Révolutionnaire.

La boucle est bouclée: pour toutes les catégories de personne, il y a un parti de gauche extrême, déclaré ou non, pour récupérer la voix.

Par ailleurs, la popularité globale d’Arlette Laguillier est une des plus fortes du « personnel » politique: 4ème sur le podium, derrière les indétrônables Jospin et Chirac (mais qui est 3ème d’ailleurs ?), et comme le fait remarquer Le Monde, devant des « stars » comme Jack Lang ou Kouchner (le french doctor).
Pourtant, au journal télévisé de France 2, je l’ai bien vu debout, sur l’estrade, entonner l’Internationale.

Et dire qu’on les rencontre dans les rues aussi…. à Grenoble, ville estudiantine, j’en croise souvent, distribuant des tracts sur la fin du capitalisme, la dénonciation des licenciements etc. Tout cela inquiète fortement Lionel Jospin. Il ne devrait pas pourtant: l’évocation des goulags devrait suffire à les faire taire.
Car ce sont les mêmes idéologies qui ont provoqué la mort de 100 millions de personnes en un siècle. Mais Jospin a décidé de s’en occuper. En démocratie, chaque voix compte. Même celles qui réclament le Grand Soir et agitent les drapeaux rouges, rouges du sang de TienAnmen, Budapest, Moscou, Prague, Varsovie, de Pnom Penh.