L’avortement est-il un crime ? Ma réponse est une thèse. Je la présente de manière sans doute imparfaite et programmatique. Mais la conclusion est claire: l’avortement est un crime.
S’il est un sujet tabou auquel on ne peut pas toucher sans provoquer une réserve prudente ou carrément l’indignation c’est celui de l’avortement légalisé. L’avortement désigne un fait qui provoque l’effroi voire le dégoût chez la plupart les gens de bon sens qui n’ont pas subi le lavage de cerveau féministe. C’est que, malgré sa banalisation (225 000 avortements par année selon l’association le droit de naître), il engendre des traumatismes graves chez la mère, un sentiment de tristesse confuse chez les proches et un scandale moral pour d’autres.
Mon intention est de montrer que l’avortement est un crime. Et cela malgré les objections dont les plus pertinentes ont été émises par François-René Rideau dans le cadre du débat qui a eu lieu sur un forum libéral et dont je tenterai de montrer qu’elles sont finalement infondées.
Les moyens de preuve
Je m’appuierai sur le réalisme des concepts (leur définition fondée sur la réalité), l’interdépendance des concepts et la logique de l’action humaine (praxéologie). La méthode praxéologique consiste � se fonder sur les évidences empiriques et la logique de l’action humaine. Les faits de la science expérimentale ne sauraient en aucun cas les réfuter car le caractère criminel de l’avortement ne découle pas de la science expérimentale mais de l’action humaine et de ce qu’elle implique. De fait, les sciences expérimentales ne sont pas le seul critère de vérité – ce n’est pas parce que celles-ci ne peuvent pas � elles seules résoudre un problème que celui-ci ne peut pas l’être par d’autres moyens parfaitement logiques. Le critère de cohérence logique et le principe de non-contradiction permettent d’aboutir � deux conclusions irréfutables : l’avortement consiste � supprimer un être humain, et il s’agit d’un crime. Pour en savoir plus sur ces moyens de preuve je renvoie � la thèse de François Guillaumat .
L’avortement supprime un être humain
L’action d’avorter signifie que l’on sait que l’être que l’on supprime est déj� un être humain. N’est-il qu’un amas de cellules sans nature spécifique ? Dans ce cas pourquoi avorter ? Pour se débarrasser d’un « objet » dont on ne sait pas ce qu’il est ? Encore une fois, l’action et l’expérience de l’avortement signifient que cet amas de cellules est déj� un être humain. Et s’il ne l’est pas encore alors � partir de quand l’est-il ?
Fixer une limite � partir de laquelle cet être créé dès la conception devient un être humain implique un processus de création que personne ne sait définir car c’est impossible. Serait-ce une sorte de création continue (1) ? D’aucuns définissent l’être humain par sa capacité � répondre de ses actes, par sa raison. Mais alors quelle différence y aurait-il entre avorter et tuer un nouveau-né ? De fait, quelle différence de nature y a-t-il entre un nouveau-né et un fœtus ? Une simple évolution qui, si on la laisse naturellement se réaliser, conduit � une identité. Mais cette évolution ne PEUT se produire que si l’être conçu est déj� un être humain. Imagine-t-on un fœtus de chimpanzé devenir ce que nous sommes ? Bref ! Il est impossible de nier la nature humaine de l’être conçu sans définir � partir de quand cet être deviendrait humain. Ce qui est empiriquement impossible.
Il est donc clair que la nature humaine de l’être conçu est certaine, qu’elle est impliquée par l’acte même d’avorter mais également par l’analyse conceptuelle de la création. Puisque la création continue de la nature humaine de cet amas de cellule est une absurdité, il faut en conclure que l’être conçu est déj� un être humain. L’évolution a lieu après la création et non pas avant. Pour qu’il y ait évolution il faut qu’il y ait d’abord création. Rien ne peut évoluer � partir de rien.
Le crime et le Droit
La nature humaine de l’être conçu étant établie, la question qui suit immédiatement est la suivante : l’avortement volontaire est-il un crime ?
DÂ’abord quÂ’est-ce quÂ’un crime ? « Le crime se définit par l’existence des Droits de la victime et le
fait qu’ils ont été violés » (François Guillaumat / FG). Ainsi tout le problème est de savoir si l’être humain, dès sa création possède des droits, et en particulier le droit de vivre. La réponse est assez simple. Comme il nÂ’existe pas de processus qui fait passer l’être créé de la nature dÂ’une « chose » � la nature humaine, puisquÂ’il est déj� dans sa nature un être humain, les droits que lÂ’on reconnaît � chaque être humain, en lÂ’occurrence le droit de vivre sans agresser autrui, ces droits lui sont attachés dès le départ, quÂ’il puisse ou non les défendre et les revendiquer. NÂ’importe qui peut le faire � sa place parce que cÂ’est un être humain doté de droits dès la conception.
Dès lors lÂ’avortement est-il un crime ? Si lÂ’on a reconnu que l’être détruit par lÂ’avortement est un être humain alors il sÂ’agit bien évidemment dÂ’un crime. « Personne n’a le « Droit » d’abandonner quelqu’un [un être humain] après l’avoir soi-même placé en situation de mourir si on l’abandonnait » (FG).
On le voit bien, la responsabilité et le droit sont parfaitement et logiquement liés. Agir n’est pas sans conséquences, et en l’occurrence parfaitement connues. L’avortement est � la fois un déni de sa propre responsabilité (faire comme si l’action n’avait pas eu lieu) et un crime (l’assassinat pur et simple d’un être humain).
« Les obligations de la mère naissent de sa responsabilité dans l’origine de la situation. L’enfant a des Droits a priori parce qu’il est un être humain, et que lui, � la différence de sa mère, n’a rien fait qui justifie qu’on le force � y renoncer, en tout ou partie – c’est l� la pertinence du fait qu’il n’a rien choisi » (FG)
Solution
L’avortement est un drame et un crime. Il coûte des vies humaines et ce ne sont pas les absurdités empiristes prétendument fondées sur la science qui me feront douter du fait qu’avorter c’est supprimer un être humain. Dès lors, comment peut-on en pratique éviter l’avortement ? Par le simple exercice de la responsabilité et au besoin par la force :
« la mère a le devoir d’assurer cette responsabilité jusqu’� ce qu’un autre puisse l’assurer � sa place – et elle a le devoir de s’assurer que cette autre-l� s’acquittera effectivement de la tâche. (Â…)Tout le monde a donc le Droit d’obliger quelqu’un qui a placé un tiers en situation de dépendre de lui pour sa survie, � garantir cette survie jusqu’� ce qu’on puisse mettre fin � cette situation de dépendance. Et les criminels sont ceux qui feraient mourir la victime de cette situation, sous prétexte de défendre le Droit, en l’espèce inexistant, de la personne qui l’y a placée » (FG)
Et Christian Michel exprime cela de manière plus concrète :
« J’avais quelques amis � dîner l’autre soir, et la conversation portant sur ce même sujet, j’émis l’avis que l’utérus artificiel serait le moyen de résoudre le problème. L’embryon y serait transféré aussitôt que détecté s’il violait la propriété de la femme sur son ventre. Ni meurtre pour ceux qui le jugent ainsi ; ni transgression, inconfort ou danger pour ceux qui mettent en avant les droits de la femme ; et incidemment, les droits du père, dont on ne parle pas dans la question de l’avortement, sont respectés
aussi » (2)
Il sÂ’agit de reprendre conscience du fait que lÂ’avortement nÂ’est rien dÂ’autre quÂ’un crime. La prise de conscience et la raison sont les premiers remparts contre la tyrannie et le crime.
Réponse � une objection
François-René Rideau (Faré) ne s’oppose pas au fait que l’être conçu est de nature humaine mais au fait qu’il possède des Droits dès la conception. Il distingue l’être biologique et la personne juridique. La personne juridique obtiendrait ses droits non pas du simple fait qu’il est humain mais parce qu’� un moment donné il devient un sujet de droit, mais pas nécessairement dès la conception. A vrai dire cet argument qui nie le droit naturel se fonde nécessairement sur la définition d’une limite séparant l’être biologique et le sujet de droit. Cette limite est abandonnée aux aléas des contrats et des règles juridiques spontanées. C’est du moins ainsi que je le comprends dans la mesure où il n’existe pas d’autres alternatives dans le débat qui nous oppose que celle-ci : reconnaître que l’enfant est un sujet de droit ou bien qu’il le devient. S’il le devient seulement � partir de critères fondés sur « un instant � partir duquel », situé après la conception, alors tous les êtres humains qui ne répondent pas � ces critères d’un « sujet de droit » peuvent être supprimés. Cela revient finalement � détruire la notion de Droit.
Le cas des femmes violées
Le crime qu’est le viol ne concerne pas que la victime et l’agresseur. Ce crime ne supprime pas les droits de l’être conçu. Un crime ne peut pas en effacer un autre. Le fait que la création d’un être humain ne soit pas volontaire ne donne pas plus de droit de le supprimer que si elle était volontaire. En revanche cette situation engendre des obligations pour ceux qui veulent préserver cette vie et une obligation d’aide � la mère.
L’Etat avorteur
Lire l’article de Gilles Guénette qui ne discute pas sur le fond du problème mais sur la complicité de l’Etat.
Bertrand Lemennicier
Pour une analyse complète voir Bertrand Lemennicier
Et pour les réactions et mes réponses :
– http://www.peres-fondateurs.com/forum/viewtopic.php?id=6456&p=1
Je réponds � mes contradicteurs sous le nom de « XXX » � partir du message 57 (p. 3).
– http://www.quebecoislibre.org/05/050915-14.htm , idem
et enfin
http://www.quebecoislibre.org/05/050915-12.htm
(1) J’entends ici par création continue l’idée absurde que l’être ne serait pas encore ce qu’il est mais qu’il le deviendrait.
(2) Site de Christian Michel: www.liberalia.com