Vous connaissiez l’étable, c’est l’organisation de la sécurité sociale obligatoire qu’un coup d’Etat socialo-communiste a créé en 1945 et dont nous sommes les bÂœufs.
Vous aviez vaguement entendu dire qu’un Centre d’études supérieures de sécurité sociale avait été créé au début de la décennie 1960 et que, dans la décennie 1970, le gouvernement du moment lui avait conféré la qualification de « national ». Saint-Etienne est son siège.
Vous vous souveniez de la série des conventions médicales nationales qui ont contribué à mettre la médecine dans la seringue. La dernière en date suscite une lever de bouclier.
Vous vous rappeliez que le gouvernement de Juppé avait créé en 1996 l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (Anaes) et que le gouvernement de Jospin ne l’avait pas supprimée à son avènement en 1997.
Vous aviez remarqué enfin que le gouvernement de Raffarin avait créé en 2004 l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (Uncam) et une Haute Autorité de santé(HAS).
Eh bien, le Président de l’HAS vient de présenter la grenouille à la presse, c’était hier.
A coup sûr, elle va tenter de se faire plus grosse que l’étable.
La Haute Autorité de santé a cinq grands types de missions que ne lui auraient pas envié les institutions de l’URSS, même si, globalement, le législateur lui a donné un caractère consultatif plutôt qu’un pouvoir décisionnaire :
– Elle est chargée d’« évaluer et (de) hiérarchiser le service attendu ou rendu des actes professionnels, des prestations et produits de santé » (médicaments, dispositifs médicaux…).
– Son expérience contribuera à légitimer les décisions dans le domaine du remboursement, en particulier sur les conditions particulières de prise en charge des soins pour les affections de longue durée (ALD).
– La HAS élaborera des recommandations sur le bien-fondé et les conditions de remboursement soit de sa propre initiative, soit à la demande du ministre de la Santé, du Comité économique des produits de santé (Ceps) ou de l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (Uncam).
– La HAS a aussi pour mission de veiller, d’une part, à la diffusion des référentiels de bonne pratique et de bon usage des soins auprès des médecins et des personnels paramédicaux et, d’autre part, à l’information des praticiens et du public dans ces domaines.
– Dernières missions, la certification des sites Internet et des logiciels médicaux (à compter du 1er janvier 2006), la mise en place d’une démarche qualité pour la prise en charge des patients en ALD ou encore l’évaluation de la qualité des actions de santé publique.
De fait, l’HAS absorbe l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (Anaes) et intègre deux commissions spécialisées, la Commission de la transparence et la Commission d’évaluation des produits et prestations, auparavant chapeautées par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (cf. www.has-sante.fr).
Pour mener l’ensemble de ses missions, l’HAS est dirigé par un collège de huit membres nommés par les plus hautes autorités de l’Etat (le président de la République, les présidents de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Conseil économique et social) et chaque membre est chargé dÂ’animer une commission.
Quelles sont ces nouvelles personnes importantes ? Des « perdreaux » qui veulent tailler des croupières à tous les incompétents de l’organisation de la Sécurité sociale ? Jugez en :
* le Président est le Pr Laurent Degos, 59 ans, chef du service d’hématologie de l’hôpital Saint-Louis à Paris, qui présidait jusqu’à présent le conseil d’administration de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) et celui de l’Etablissement français des greffes (EFG) ;
* le Dr Claude Maffioli, président de l’Union nationale des professions libérales (Unapl) et ex-leader de la Confédération des syndicats médicaux français (Csmf),
* Etienne Caniard, délégué aux questions de santé et de Sécurité sociale à la Mutualité française,
* le Pr Bernard Guiraud-Chaumeil, président de l’Anaes,
* le Dr Pascale Briand, chargée de piloter le plan Cancer,
* le Pr Gilles Bouvenot, président de la Commission de la transparence de l’Afssaps,
* Raoul Briet, conseiller-maître à la Cour des comptes et ancien directeur de la Sécurité sociale au ministère, et
* le Dr Jean-Paul Guérin, directeur général du CHU de Nantes.
Et, paraît-il, cette autorité publique est indépendante et à caractère scientifique. Vous comprendrez sans peine pourquoi la dernière convention médicale a néanmoins été signée par une majorité de personnes autorisées.
La Haute Autorité de santé, cÂ’est aussi un directeur, Alain Coulomb, qui était chargé, depuis 2002, de la direction de l’Anaes, et 350 agents permanents, des correspondants régionaux, 800 experts-visiteurs et 3 000 professionnels libéraux et hospitaliers en exercice sollicités comme experts, selon le directeur de lÂ’HAS.
Et les travaux de l’HAS devraient commencer le 8 février avec un budget annuel de 59 millions dÂ’euros cofinancé par l’Etat, l’assurance-maladie, une contribution des établissements de santé, des redevances et divers produits, dons et legs.
Le budget annuel est supérieur à la dotation globale versée auparavant à l’Anaes (14 millions d’euros pour l’exercice 2004 et 17,5 millions en 2003).
L’installation de la HAS, le 22 décembre dernier, « constitue un acte fondateur de la nouvelle gouvernance de notre système de santé », a souligné Philippe Douste-Blazy, le ministre du domaine. En d’autres temps et d’autres lieux, Monsieur le Ministre, on eût parlé de la N.E.P.
Les politiques de France sont vraiment en avance sur leur temps.
« En d’autres temps et d’autres lieux, Monsieur le Ministre, on eût parlé de la N.E.P. »
Mais la NEP de Lenine avait pour objectif d’assouplir le « communisme de guerre » en permettant certains echanges et en stoppant les requisitions de terres. Ce qui assura la survie du regime jusqu’a l’abolition de la NEP par Staline (qui, lui, assura la survie du regime communiste par d’autres moyens!).
A l’inverse de la NEP, la HAS constitue un pas de plus vers le « communisme de guerre ».
Vous etes donc en fait assez indulgent envers M. Douste!
Cher Laurent.
Je vous rejoins en partie, mais en partie seulement car l’idée actuelle de nos néo-communistes est qu’il y a « guerre économique ». En témoignent en particulier les propos ou écrits du député Bernard Carayon sur « l’intelligence économique » (depuis son rapport sur le prétendu sujet) et la nouvelle politique industrielle que Chirac, le Président de la République, et Raffarin, le Premier Ministre, veulent mettre au goût du jour.
Dans le domaine qu’ils dénomment « économie de la santé » où les prix et dépenses augmentent, depuis au moins le début de la décennie 1950, à des rythmes, selon les observateurs, excessifs (et les observateurs stipendiés de faire allusion aux déficits récurrents de la SS maladie à cause de cela), ils diront qu’il y a « guerre économique » et qu’il faut y mettre un terme en les maîtrisant par la création d’institutions supplémentaires. Et la liste s’allonge. Et j’en ai rappelé des figures.
C’est donc bien à la NEP dont vous avez évoqué une caractéristique que je fais allusion. Mais déja perce sous la NEP la grenouille qui veut se faire, dans un premier temps, au moins aussi grosse que l’étable.
Cordialement
Effectivement, les gouvernants utilisent des mots comme « guerre » ou « lutte » la ou il n’y a que des transactions volontaires, alors qu’ils parlent de « solidarite » et « d’interet general » lorsqu’il s’agit d’extorsion et de violence.
Pour la grenouille, souhaitons lui le meme sort que celle de La Fontaine!
Dans la période où l’URSS a existé, celle-ci n’a pas découvert la moindre molécule…, situation à l’opposé de celle qu’avait connue la France jusqu’à ces dernières années.
Mais la HAS vient de frapper : la Haute Autorité de santé recommande en effet de retirer 221 médicaments « à service médical rendu » insuffisant de la liste des médicaments remboursables.
Communiqué de presse, le 15 Septembre 2005
La Haute Autorité de santé (HAS) a présenté aujourd’hui à la presse ses conclusions sur la réévaluation des médicaments à service médical rendu insuffisant.
Elle se prononce en faveur d’un retrait du remboursement de 221 médicaments. Cette recommandation participe d’une politique d’adaptation permanente de la prise en charge collective des soins fondée sur la qualité.
La HAS insiste sur les actions d’accompagnement à destination des professionnels de santé, des patients et des laboratoires.
La Haute Autorité de santé (HAS) a présenté aujourd’hui ses conclusions sur la réévaluation des médicaments à service médical rendu insuffisant, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue dans ses locaux.
D’avril 2004 à juin 2005, 245 médicaments (soit 403 spécialités) ont été examinés par les experts de la commission de transparence, intégrée à la Haute Autorité de santé. Pour 24 d’entre eux (soit 39 spécialités), le niveau de service médical rendu a été jugé suffisant. Pour 221 médicaments (soit 364 spécialités), le niveau de service médical rendu insuffisant a été confirmé.
La HAS recommande d’exclure du remboursement ces derniers, actuellement remboursés à 35 % et pour lesquels une prise en charge par la solidarité nationale n’est plus justifiée.
(Ã suivre)
(suite et fin)
L’admission au remboursement n’est pas seulement fondée sur l’efficacité des produits concernés mais sur un ensemble de critères justifiant la prise en charge au titre de la solidarité nationale, notamment la gravité de la maladie. L’enjeu principal du retrait de ces spécialités est de permettre l’accès aux traitements les plus performants. Si une mesure transitoire s’avérait nécessaire, elle devrait être réservée aux procédures de déremboursement consécutives à la réévaluation du SMR et limitée à une courte période.
La HAS insiste sur les actions d’accompagnement. La question du retrait du remboursement de ces produits est posée depuis plusieurs années. La réglementation ménage des possibilités de délais permettant de faire converger les efforts et d’assurer les transitions. La HAS rappelle, sur ce point, le rôle central des professionnels de santé, médecins et pharmaciens, ce qui passe notamment par une information claire, élaborée en partenariat avec les professionnels.
Haute Autorité de santé : Responsable de la communication
Karen Candau
Contacts presse : Gisèle Calvache et Virginie Lanlo
Tel. 01 55 93 73 17/18 – Fax 01 55 93 74 16
contact.presse@has-sante.fr
Consultez la recommandation et les annexes: http://www.anaes.fr/anaes/nouveautes.nsf/(ID)/CC7B08AE5BA7681DC125707D00492D03?opendocument
Consultez la liste des 403 spécialités http://afssaps-prd.afssaps.fr/html/has/sgt/htm/avis/html/indrvl05.htm
(fin du communiqué de presse)
Vous l’aurez compris: avant l’HAS, c’était la gabegie, la jungle, malgré tous les contrôles administratifs, les experts pharmaceutiques étaient tous nuls dans le meilleur des cas – pour ne pas parler des consommateurs ni des laboratoires pharmaceutiques – et dans le pire…
L’omniscience des hommes de l’HAS rémédie à la situation.
[…] Et voici 2004, un nouveau quadrige formé par MM. Chirac, Raffarin, Douste-Blazy et Bertrand procède à une nouvelle réforme de l’OSSO-maladie étatisée sans recourir, pour une fois, à la procédure des ordonnances. En particulier, à cette occasion, deux nouveaux organismes, l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (UNCAM) et la Haute Autorité de Santé, sont encore créés, le patient va devenir à terme un dossier médical et le corps médical n’est plus qu’à deux doigts d’être “fonctionnarisés”. En passant, dans l’intervalle, un quadrige antérieur avait jugé bon de créer un Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie et la CMU.  […]